Test nouveauté | Rotwild RX 275 : l’e-bike au bouton rouge

Par Adrien Protano -

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Test nouveauté | Rotwild RX 275 : l’e-bike au bouton rouge

La marque allemande Rotwild, spécialiste des e-bikes depuis de longues années, investit le terrain de l’e-bike à assistance légère avec une nouvelle plateforme, le RX 275. Roues de 29″, débattement avant/arrière de 130/20 mm et moteur TQ HPR50 couplé à une curieuse commande « boost » au guidon, que peut bien offrir ce modèle doté d’une petite batterie de seulement 275 Wh ? Nous avons pu le découvrir sur le terrain, voici nos premières impressions :

Malgré de beaux succès par le passé, à l’image du titre mondial XCO d’Irina Kalentieva en 2009, la marque allemande Rotwild est relativement peu connue dans nos contrées.

Même si elle conserve encore quelques vélos classiques dans sa gamme, la marque fondée en 1996 par Peter Schlitt et Peter Böhm fut l’une des premières à prendre le virage de l’électrique en s’associant à l’équipementier automobile Brose dès 2013. Pour ce nouveau modèle, c’est un e-bike aux allures de VTT classique que la marque allemande propose, le RX 275.

Le designer de Rotwild, Lutz Scheffer, décrit l’idée derrière le RX 275 : « La réflexion est issue de notre fascination pour les VTT de compétition, et principalement ceux de cross-country. Une espèce de retour aux sources, combiné à notre expertise acquise dans le domaine de l’e-bike. Le résultat est un vélo de trail très léger et doté de ce petit plus électrique. »

Ce n’est pas la première fois que Rotwild propose des e-bikes légers, que ce soit par l’adoption d’un cadre tout carbone ou d’une petite batterie, mais les Allemands ont voulu pousser le concept encore un peu plus loin. La principale volonté est d’offrir un vélo de trail disposant de « l’eAssist« , comme Rotwild aime l’appeler : une assistance légère et discrète, mais répondant présent lorsqu’elle s’avère nécessaire.

Deux années de développement ont été nécessaires afin de concevoir le cadre monocoque en fibres de carbone haut module qui composent ce RX 275. Sur la balance, le cadre nu affiche un score de 2350 g en taille M tandis que le vélo complet est annoncé par la marque au cerf à 15,6 kg, sans avoir recours à des équipements exotiques ou tellement légers qu’ils en deviendraient inroulables. À titre de comparaison, le cadre de l’Orbea Rise affiche un poids de 2200 g en taille M également (hors batterie et motorisation).« Nous avons examiné de nombreuses pièces pour voir comment nous pouvions gagner du poids, puis nous avons adapté le design en conséquence », explique Johannes Matschos, le product manager de la marque. 

La seconde réflexion de Rotwild lors de la conception de ce cadre a été la rigidité, et particulièrement celle du triangle arrière. La marque a opté pour des haubans flexibles en carbone, lui permettant ainsi de se passer de roulements supplémentaires et d’économiser du poids. Cette solution est courante sur les vélos de XC, mais nettement plus rare sur les vélos à assistance.

Afin de gratter de précieux grammes supplémentaires et accroître encore un peu plus la flexibilité du triangle arrière, le montage du frein arrière s’effectue via une interface au standard Postmount. La marque a également fait le choix d’intégrer le capteur de vitesse juste en dessous, comme on peut l’observer sur la photo de gauche.

Avec le RX 275, Rotwild effectue son entrée dans le petit monde de la patte de dérailleur universelle (Sram UDH). Un effort que nous ne pouvons que souligner au vu de la facilité qu’elle emporte avec elle en cas de souci et de remplacement.

Afin de mouvoir ce châssis en carbone, Rotwild s’est associé à son compatriote TQ et son assistance baptisée HPR 50. Si vous voulez tout savoir en détail sur ce fameux moteur TQ HPR 50, rendez-vous dans cet article détaillé, et nous nous contenterons ici de rappeler qu’il s’agit d’un des plus petits moteurs du marché en termes de dimensions et de poids. Il ne pèse que 1,8kg et mesure 8cm de diamètre, développe 50Nm de couple et peut délivrer jusqu’à 200% de la puissance du pilote en assistance, là où de plus gros moteurs type “power e-bike” peuvent aller jusque 350 voire 400%.

Comme pour le reste de la gamme de la marque allemande, les chiffres contenus dans la dénomination du modèle donnent un indice quant à la capacité de la batterie. Eh oui, c’est bien une petite batterie de seulement 275 Wh qui équipe ce modèle. Cette batterie d’à peine 1400 g (contre 1806 g pour la TQ de 360 Wh) est une exclusivité Rotwild (du moins pour le moment) qui s’insère parfaitement dans le tube diagonal du RX 275, qui est à peine plus gros que ce que l’on retrouve sur les VTT classiques. Afin de minimiser l’espace qu’occupe cette batterie, les ingénieurs de la marque allemande lui ont donné cette forme de « petite maison » dans le but de permettre le passage des câbles au niveau de sa face supérieure.

Mais est-ce réellement suffisant une batterie de 275 Wh ? Rotwild explique que « la batterie dispose d’une gestion intelligente. Le moteur TQ consomme peu et le vélo est très léger, de sorte que c’est suffisant selon nous. » Nous l’avons testé sur le terrain et nous vous détaillons plus bas notre avis et expérience concrète.

Pour les plus aventuriers (et/ou les plus angoissés de l’autonomie), le Range Extender de TQ est tout à fait compatible avec le RX 275. Cette petite batterie additionnelle, de la taille d’un bidon de 0,5 litre et pesant un peu plus d’un kilo, permet d’étendre l’autonomie de 160 Wh. Comme à son accoutumée, ce Range Extender se décharge en premier lieu et peut être rechargé directement sur le vélo, simplement via le port de charge ordinaire du vélo.

Petite nouveauté, cette batterie externe dispose d’un adaptateur Fidlock qui lui permet d’être fixée à un des deux porte-bidons Fidlock qui équipent de série ce RX 275. C’est la première fois que cette collaboration TQ/ Fidlock est proposée sur un modèle de série, et nous ne doutons pas qu’elle arrivera sur d’autres vélos à l’avenir.

Comme sur le Trek Fuel EXe ou le Scott Lumen, le moteur est associé à un écran de contrôle clair et lisible, bien que basique dans son affichage. Dans une optique d’intégration esthétique, celui-ci est positionné sur le haut du tube supérieur. L’application TQ permet également de customiser chaque mode d’assistance, même si nous les avons conservés tels quels dans le cadre de cette prise en main.

Cet écran de contrôle est toutefois couplé à une étrange commande au guidon…

Mais à quoi peut-bien servir ce bouton rouge ? Une selle éjectable ? Une alarme SOS ? Non, mieux encore : un mode Boost ! Et contrairement à ce qu’on a eu l’habitude d’entendre lors de notre enfance, Rotwild nous a prié de l’utiliser sans modération une fois sur les sentiers. Enfin, on devrait plutôt dire « à chaque fois qu’on en ressent le besoin… ou l’envie ».

Limité à une durée de 30 secondes, le moteur offre dans ce mode une puissance de 300 W

Ce mode Boost permet en réalité de donner ce coup de jus supplémentaire afin de franchir les différents obstacles qui peuvent survenir sur les sentiers. Limité à une durée de 30 secondes, le moteur offre dans ce mode une puissance de 300 W.

Il s’agit là de l’unique commande au guidon en lien avec le moteur, et pour changer les modes, il faut utiliser le bouton situé sur le tube supérieur du vélo, juste à côté de l’écran. A priori pas très pratique, mais Rotwild motive cette décision en expliquant : « En pratique, nous avons observé que nous changions peu de fois de mode d’assistance au guidon de ce RX 275. Le mode éco permet de se rendre jusqu’aux singles, et une fois arrivé c’est le mode intermédiaire qui s’impose. Il suffit donc de choisir le mode approprié une fois pour toutes et de le garder ensuite, tout en ayant la commande « boost » en cas de nécessité. » Si l’argument peut faire sens, nous n’avons pourtant été que moyennement convaincus une fois sur les sentiers, comme vous le verrez plus loin.

La cinématique baptisée « Short Travel » offre un débattement 120 mm à l’arrière, combiné à une fourche de 130mm à l’avant. Rotwild explique que « cette cinématique procure au RX 275 un caractère très agile, ainsi qu’une adhérence remarquable qu’importe le terrain. Différentes simulations de courbes de compression ont été réalisées, avant d’être comparées directement aux sensations ressenties sur le terrain. »

Côté géométrie, le Rotwild RX 275 affiche un angle de tube de selle de 75,5°, un angle de direction de 66° ainsi qu’un reach de 460 mm en taille M. Le triangle arrière est quant à lui plutôt compact avec des bases de 437 mm. On a donc affaire à un vélo bien dans son époque, sans aucune valeur extrême et qui devrait se prendre en main facilement.

Le Rotwild RX 275 est disponible dans deux versions de montage différentes. La première, plus accessible et dénommé « Pro » est affichée au tarif de 9499€ (photo de gauche), tandis que la seconde, baptisée « Ultra » est au prix de 12 499€. Les deux versions ne diffèrent sensiblement pas quant à la philosophie dans le choix des composants, la différence étant plutôt dans le choix du niveau de gamme de ceux-ci. Les tarifs sont élevés, mais Rotwild se positionne clairement sur un créneau haut de gamme et exclusif.

C’est dans son montage « Ultra » que nous avons eu la chance de passer une après-midi au guidon du RX 275. Dans cette version, l’e-bike léger est doté de ce qui se fait de mieux en termes de suspension avec une fourche Fox 34 Fit 4 Factory ainsi qu’un amortisseur Float DPS Factory.

Un combo transmission/freins XTR en provenance de chez Shimano, des roues carbones DT Swiss HXC1501, des pneumatiques Schwalbe Nobby Nic Evo (à l’avant) et Wicked Will Evo (à l’arrière) en 2.4, une tige de selle Fox Transfer SL Factory, un pédalier carbone ainsi qu’un discret anti-dérailleur de chez RaceFace : toutes les cases semblent cochées sur ce montage « Ultra ».

Finalement, mention spéciale pour le poste de pilotage tout en carbone conçu en interne par la marque allemande et dénommé RIC (pour Rotwild Integrated Cockpit). Au-delà du gain de poids que celui offre, il est esthétiquement du plus bel effet avec une finition soignée. Si les câbles passent au niveau du jeu de direction avec ce combo « potence-cintre » en une seule pièce, un passage interne au niveau du haut du tube diagonal est toutefois prévu pour le modèle « Pro » qui est équipé, quant à lui, d’un poste de pilotage plus classique.

Rotwild R.X 275 : le test terrain

C’est en Italie, et plus précisément sur les pentes du Monte Arsenti à deux pas de Massa Marittima, que nous avons eu l’occasion de passer un moment en tête à tête avec ce RX 275. Ce petit coin de Toscane, parsemé de descentes variées ainsi que de jolis sentiers en montée (dont le bien nommé Spaghetti Uphill), s’est révélé être le terrain idéal pour cet e-bike aux inspirations sportives… Ou est-ce le contraire, le nouveau venu de chez Rotwild était-il l’arme idéale pour s’attaquer aux sentiers toscans ? Bref, en route !

Sur les conseils de Rotwild, c’est en mode éco que nous nous dirigeons vers la première ascension de la journée, avant de basculer sur le mode intermédiaire une fois en face du singletrack qui nous amènera en haut de la colline. Si le moteur TQ peut paraître un peu timide lors des premiers coups de pédales, ce sentiment est rapidement dissipé lorsque nous débutons l’ascension de Spaghetti Uphill et ses nombreuses épingles. L’assistance est présente sans trop en faire, le pédalage est particulièrement naturel et le RX 275 offre une position confortable mais assez sportive pour pouvoir bien pousser sur les pédales façon XC. Associé au silence de fonctionnement remarquable du moteur, c’est tout simplement grisant : on a simplement l’impression d’être en forme et de pouvoir s’amuser même dans les montées.

Même si nous n’avons pas pu nous empêcher d’y toucher avant de rencontrer de réels obstacles, il est enfin l’heure d’enclencher ce fameux bouton rouge afin de venir à bout du franchissement qui se dresse devant nous ! Le pouce en bas, le mode Boost activé et les 300W délivrés, ce Rotwild RX 275 franchit les différents obstacles sans être inquiété. La petite commande est bien intégrée au niveau du cockpit et tombe naturellement sous le doigt. Le contraste avec le mode Eco est tout de même assez fort et sur les reliefs humides, la force soudaine de l’assistance peut surprendre même si le moteur TQ est globalement très naturel.

Le châssis offre de bonnes sensations lors des différents passages techniques qui composent notre ascension. Les suspensions ne pompent pas, ne s’affaissent pas, la roue arrière est collée au sol et suit les ondulations du sentier tout en offrant le grip nécessaire. De par son poids aussi, le vélo demeure vif dans ses changements de direction et l’assistance ne vient pas nous piéger en étant trop brutale, du moins dans les modes classiques. En parlant des modes d’assistance, c’est clairement frustrant de devoir passer par l’écran de contrôle sur le top tube, et de devoir faire défiler les modes un à un avec une main lâchée du guidon. Quoi qu’en dise la marque, une commande au guidon classique permettant de naviguer vers le haut et vers le bas dans les modes (comme sur n’importe quel autre e-bike du marché) nous semble indispensable en plus de la très intelligente gâchette Boost.

Quand la pente s’inverse, ce sentiment d’agilité ne fait que s’accentuer ! Le poids, comparable à celui de beaucoup de vélos d’enduro, se fait complètement oublier et c’est le plaisir de pilotage qui prédomine. Le vélo bondit de virage en virage et ne demande qu’à décoller pour créer de nouvelles lignes au milieu de ces rochers typiques de la région.

Si le débattement de 130mm peut paraître court, d’autant plus sur un e-bike, il est pourtant parfaitement utilisé ici. Nous ne nous sentons nullement en difficulté, et encore moins en danger, malgré ce débattement plutôt réduit. L’assiette du vélo est bonne et la cinématique du cadre est rassurante, de quoi permettre au pilote de lâcher les freins sans arrière-pensée.

Le soleil commence à flirter avec les collines au loin et la sortie au guidon de ce Rotwild RX 275 touche à sa fin. En raison du manque de praticité de la commande située sur le haut du tube supérieur (et d’après les consignes des M. Rotwild), nous n’avons quasiment pas navigué entre les différents modes d’assistance et sommes restés principalement sur le mode intermédiaire, tout en nous permettant quelques intermèdes sous le mode Boost. Une fois bien rentrés au camp de base, nous sommes arrivés tout juste dans le dernier tiers de la batterie après un peu plus de 25km et 700m de d+. Une petite règle de trois nous montre que nous pourrions envisager un bon petit 40km d’autonomie et 1150m de d+ malgré la petite batterie.

Il est évidemment toujours très délicat de parler d’autonomie en termes de chiffres précis sur base d’une première prise en main qui s’est déroulée sur une demi-journée, mais nous pouvons tout de même dire que le niveau de batterie ne nous a pas semblé fondre comme neige au soleil, même en ayant un usage plutôt sportif de l’engin. N’oublions pas qu’on peut aussi monter facilement un range extender et que dans tous les cas, l’autonomie sur ce type de machine légère est théoriquement infinie puisqu’il possible de rouler plutôt confortablement même sans assistance.

Verdict

Cet avis est bien sûr à prendre avec du recul, car ce n’est qu’une découverte du vélo, loin de nos sentiers habituels et bien trop courte pour tester certains aspects comme l’autonomie, mais le Rotwild RX 275 a su nous prendre par les sentiments : agilité, plaisir de pilotage et confort ont été les maîtres-mots de cette après-midi en tête à tête avec ce nouveau venu. Le moteur TQ HPR50 offre un feeling très naturel tout en permettant ce petit plus de l’assistance, sans parler de la commande Boost qui nous semble des plus intéressantes. Nous restons toutefois réservés quant à l’absence de commande au guidon pour naviguer entre les différents modes d’assistance. Un test en bonne et due forme dans nos contrées sera nécessaire afin d’en avoir le coeur net, tout comme pour se prononcer plus clairement sur l’autonomie de cette batterie de 275 Wh. 

Plus d’informations : https://www.rotwild.com

Photos Mountain Bike Connection Winter – Rupert Fowler

ParAdrien Protano