Test| Focus SAM 9.9 et SAM² 6.8 : une affaire de famille, électrique… ou pas !

Par Pierre Fluckiger -

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Test| Focus SAM 9.9 et SAM² 6.8 : une affaire de famille, électrique… ou pas !

Alors, électrique ou pas électrique ? La famille SAM, pour Super All Mountain, se destine dans la gamme Focus à la pratique du gros all-mountain et de l’enduro. Pour 2019, le Focus SAM fait peau neuve. Il reprend les lignes esthétiques du SAM² (prononcer « squared » in english in the text) à assistance électrique sorti l’année dernière. Loin des tendances actuelles dans le créneau de l’enduro, Focus assume des choix techniques qu’il décline sur les deux versions. Même taille de roues (27,5), même débattement, les Focus SAM et SAM² sont construits autour de la même technologie de suspension. Très proches au niveau de leurs géométries respectives, le Focus Sam 9.9 avec son cadre tout carbone et le Focus Sam² 6.8 électrique, lui tout en alu, sont proposés à un prix identique. Alors, classique ou assisté ? Vojo a osé comparer l’incomparable lors d’un test longue durée de ces deux machines. 

Frères de souche

A sa sortie en 2014, le Focus Sam détonnait par sa géométrie plutôt moderne et atypique pour l’époque. Replacé dans son contexte, cela en faisait un vélo rapide et stable mais qui manquait de vie. Depuis, il a évolué en douceur. Sous l’impulsion du nouveau design lancé sur la famille JAM, Focus a lancé en 2018 une première version à assistance électrique totalement repensée, puis la décline pour cette année en version classique.

Ainsi Focus nous livre une plateforme en décalage par rapport au courant actuel sur le marché des enduros classiques et électriques. Ici, pas d’alternative possible, pas de 29 pouces ou de 27.5+ (légion en VAE), on est sur du 27.5 pouces « classique » pour les deux versions, avec tout de même une section de 2.6 sur l’électrique. De même les focus Sam 9.9 et Sam² 6.8 proposent une géométrie plus « conventionnelle » mais moderne qui ne tombe pas dans  la tendance  du « long », « bas » et « couché » qui fait désormais presque figure de « tarte à la crème » sur les vélos de production moderne.

Cet enduro de 170 mm de débattement se décline en deux versions sur le modèle classique et en trois versions pour le VAE. Le SAM est disponible à partir de 4099 euros pour la version 8.9 et son triangle arrière en alu, alors que notre SAM d’essai le 9.9 est, lui, entièrement en carbone, et proposé à 6199 euros. Les prix s’échelonnent pour le SAM² (exclusivement en alu) entre 5099€ pour le 6.7 à 7699€ pour le 6.9. Notre version intermédiaire de test est proposée à un prix de 6199€.

Cinématique et suspensions

Les SAM sont des Focus, et ils ne peuvent renier leurs origines. En effet, leurs cadres  constitués par deux triangles unifiés sont reliés entre eux par un système de suspension reconnaissable entre tous. Il est la véritable identité de la marque depuis le JAM. C’est une imposante cathédrale posée à la verticale au centre du cadre et qui sépare les deux triangles aux aspects plus élancés. Elle est de type mono-pivot avec système biellette et basculeur. Son originalité physique vient de la taille de son imposant basculeur qui tranche avec celle de ses fines biellettes .

 

Dénommée FOLD pour « Focus Optimized Linkage Design », elle est censée, selon Focus, apporter beaucoup de sensibilité, tout en gardant une bonne progressivité sur la fin de course afin d’éviter le talonnage…ouf ! Pour les aficionados des courbes, son évolution de ratio est en forme de cloche. Elle est dégressive sur la première partie de son débattement jusqu’au SAG, puis elle devient progressive jusqu’à la fin de course. La valeur moyenne du ratio ainsi que son évolution restent tout de même mesurés, garantissant une bonne plage d’utilisation de la suspension.

Géométries

Même si la présence du moteur impose des contraintes techniques et d’encombrement sur le Focus SAM² 6.8, il n’en reste pas moins que lui et le Focus SAM 9.9 partagent le même type de géométrie. Ainsi on retrouve sur les deux vélos des bases plutôt courtes dans leur univers respectif à savoir 428 mm pour le SAM et 455 mm pour le SAM². Les angles de direction et de tige de selle effectif sont identiques et dans la moyenne actuelle. On a respectivement 64.8 pour le 9.9 et 65° pour le 6.8 en angle de direction. Quant à l’angle de tige de selle, il est de 75° pour les deux modèles. il faut noter que sur les Focus cet angle effectif varie peu quelle que soit la sortie de selle. Les  boitiers de pédaliers culminent à une hauteur comprise entre 343 et 345 mm, soit à peine plus haut que le standard de la moyenne du marché. Il est important de noter que  les deux modèle de SAM ne sont disponible que dans trois tailles de cadre : S, M et L. Ce n’est pas une très bonne nouvelle pour les grands gabarits.

Sur nos tailles L d’essai, le reach a une longueur de 460 mm sur le SAM 9.9 et de 455 mm sur le SAM² 6.8. Rien de révolutionnaire, ni de rétrograde de ce coté-là, on reste dans la moyenne basse des enduros. La valeur du stack se situe à 623mm sur le classique, et à 625 mm sur le modèle assisté. Ce sont des chiffres qu’on a plus l’habitude de retrouver sur les 27.5 modernes en taille XL. Une singularité que l’on retrouve dans les hauteurs de douille de direction : 130 mm pour le 9.9 et 138 mm pour le 6.8. Les triangles avant sont donc plutôt compacts et, de ce fait, les empattements pourraient laisser penser que l’on est en présence de « freerides » (comme on disait il y a quelques années) plutôt que de bikes d’enduro race. Mais encore une fois tout cela reste des chiffres qui ne peuvent à eux seul se substituer au comportement final.

Un chose est sûre, c’est que notre Focus SAM 9.9 ainsi que notre Focus SAM² 6.8 partagent tous deux le même poste de pilotage qui n’est pas en phase avec une pratique enduro. Peu importe les raisons d’un tel choix, toujours est-il que cette potence trop longue et ce cintre alu BBB au galbe désagréable et digne d’un chopper n’ont pas leur place sur de tels vélos et gâchent leur comportement. A changer d’urgence, même si sur le SAM², cet ensemble BBB compatible Di2 cache harmonieusement la câblerie électrique. Même topo pour les grips. Dans le cas du SAM 9.9, les Race Face Grippler réduisent drastiquement la largeur du poste de pilotage; quant à ceux maison du SAM² 6.8, ils ont la délicatesse d’une râpe à fromage.

Autre son de cloche quant à la finition et au souci du détail apporté à la fabrication de ces deux Focus. Même si les couleurs choisies sont un peu austères, surtout le noir mat et rouge du SAM 9.9, la qualité des peintures est de premier ordre. Rien à signaler de ce coté-là alors que nos deux vélos ont subi les affres d’un essai longue durée. Les quelques touches de couleur qui égaient l’ensemble sont placées originalement. Ainsi les tubes supérieurs du Focus SAM 9.9 et du SAM² 6.8 se parent d’une déco en rapport avec la forme de ces derniers et qui rappelle celle du dos d’un cobra aux aguets. Classes aussi les ouïes disposées de chaque coté du tube diagonal du SAM² 6.8., censées diriger de l’air frais vers la batterie totalement intégrée (nous y reviendrons). Bien pensé également ce protège-base moulé et intégré au triangle arrière du SAM 9.9. Son tube diagonale dispose d’un petit sabot de protection caoutchouc.

Cousins germains :

La présence à elle seule du petit bouton magique sur le tube supérieur du SAM² 6.8 trahit son appartenance. Même si l’intégration est parfaitement réalisée, on est bien en présence d’un VAE et certaines concessions d’encombrement ont du être réalisées. Bien que le moteur Shimano Steps 8000 choisi est un des plus compacts, la place prise décale la peu discrète suspension FOLD vers le haut. Ainsi, par rapport au SAM 9.9, le SAM² 6.8 possède un tube de selle plus haut et son sloping est nettement moins marqué. Cette donnée apparaît très rarement dans les caractéristiques de géométrie, pourtant elle a un réel impact en dynamique.

 

Le tube diagonal du SAM² 6.8 représente à lui seul seul un ouvrage d’art. Il est d’un seul tenant et va de la colonne de direction jusqu’au portique qui supporte le moteur. Sa forme est complexe. De faible section, il dissimule une batterie intégrée de 378Wh que l’on ne peut sortir qu’après le démontage du moteur. Il faudra donc disposer d’une prise de courant proche de votre SAM².

Autre détail, ce tube est flanqué d’un solide rail à l’endroit ou usuellement on trouve le porte gourde.  Il permet d’y glisser une batterie supplémentaire (en option), d’une capacité équivalente, et permettant ainsi d’obtenir une capacité totale de 756 Wh. Ce concept appelé TEC, pour Tailor Energy Concept, permet d’adapter ses besoins en énergie.

Le branchement du câble de liaison fait le switch automatiquement vers la seconde batterie. Les deux ne sont donc pas montées en série et il faut hélas jouer manuellement entre les deux et choisir quelle batterie on veut utiliser. Les infos lues sur le display ne proviennent que d’une batterie à la fois. Nous verrons sur le terrain l’impact que cela peut avoir.

Grace à sa petite batterie, le Focus SAM² 6.8 est un VAE léger puisqu’il affiche 21.8 kg sur la balance en taille L (sans pédales et en tubeless) sans équipements hyper luxueux ni cadre carbone. Rajoutez 2 Kg de plus avec la batterie annexe et son câble.

 

Focus semble friand des concepts et les associe facilement a une donnée technique. Le cadre du SAM 9.9 ne déroge pas à la règle et est construit autour du concept SSPS pour Stable Stiffness Per Size. Pour faire simple, ce procédé de fabrication permet d’obtenir une rigidité de cadre et des sensations identiques quelle que soit la taille. Une particularité technique que l’on ne peut avoir que sur un cadre carbone en ayant une maîtrise certaine de la quantité de fibres et de leur orientation. Le résultat final est un cadre très épuré, au format boost, avec quelques particularités physiques comme cette grosse douille de direction à la forme singulière. Le passage des câbles se fait en interne à travers des tubes en mousse afin d’éviter les bruits parasites. Le triangle arrière est fin et sa rigidité latérale est optimisée pour apporter du grip en virage. On notera encore un boîtier de pédalier au standard PressFit.

Au final, on obtient aussi un vélo léger par rapport à son débattement, puisque notre taille L de test pèse seulement 13.2 kg sur notre balance (toujours sans pédales, et en montage tubeless).

Le  SAM 9.9 est équipé en Sram de la tête jusqu’aux pieds, ou presque. On retrouve donc un groupe 12 vitesse Eagle GX associé à un pédalier Descendant carbone en format DUB. Les freins sont des guide RSC réglables dans tout les sens. L’étagère RockShox a servi d’approvisionnement pour les suspensions et la tige de selle. A l’avant trône une Lyrik RC2, le haut de gamme de la marque en fourche d’enduro. L’amortisseur est un Deluxe RCT, avec une position pédalage ainsi qu’une compression et une détente basses vitesses réglables. La tige de selle télescopique Reverb offre un débattement de 170 mm et est équipée de la nouvelle commande 1X. Sram ne produit pas de selle et plus de roues sinon on aurait droit a la totale ! Ainsi, la selle est une jolie Prologo Dimension NDR. Les roues sont des Race Face Turbine Boost equipées d’un roue libre aussi bruyante que sa quantité de points d’engagement est importante. Si nous ne remettons pas en cause la qualité des composants de ce Focus Sam 9.9, nous aurions aimé un peu plus d’exotisme et de saveur dans les choix. Même si en l’état, il n’y a pas grand chose d’objectif à reprocher.

Virage à 180°, pour le SAM 6.8 « au carré ». Sur la version assistée, on retrouve un combo connu à base de Shimano et de Fox. La transmission 11 vitesses est un mélange de XT pour l’ensemble shifter/dérailleur, et de SLX pour la chaîne et la cassette. Bon choix concernant les freins Zee 4 pistons, économiques et efficaces. La fourche Fox 36 performance et l’amortisseur Fox float DPS sont issus de la gamme e-bike et offrent donc un châssis et un valving adaptés à la pratique. La selle est siglée Focus et la tige de selle télescopique est l’entrée de gamme KS E30i, qui fonctionne toutefois correctement. Les roues DT Swiss H1900 spécifiques VAE sont aussi l’entrée de gamme, mais la qualité DT est déjà perceptible. Ici encore rien de bien exotique, mais des composants bien choisis.

Voyons maintenant ce que chacun vaut sur le terrain et dans quelle mesure ils peuvent être comparés, ou pas, ou à tout le moins rapprochés. Gardez bien à l’esprit qu’il ne s’agit en aucun cas d’un match ou d’un duel, qui n’aurait pas de sens vu les différences d’usage et de philosophie des deux machines, mais bien d’un double test. Rendez-vous page suivante pour la suite >>>

ParPierre Fluckiger

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