Tendance | Mix de roues 27,5/29 : l’avenir ? Maes ouvre la voie en Enduro !

Par Olivier Béart -

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Tendance | Mix de roues 27,5/29 : l’avenir ? Maes ouvre la voie en Enduro !

Le mélange des tailles de roues, avec du 27,5″ à l’arrière et du 29″ à l’avant est-il « the next big thing » pour les disciplines gravity et l’e-bike ? Toujours est-il que depuis qu’un vieux verrou réglementaire de l’UCI a sauté, et dans les nouveaux formats de course e-bike, il se murmure que pas mal de pilotes testent des choses et se laisseraient bien tenter par un mélange, histoire d’avoir le meilleur des deux mondes. En enduro, Martin Maes est le premier top pilote à tenter le coup. Il y a presque 2 ans, Vojo avait déjà abordé le sujet et entrevu tout le bien fondé de cette option. Il est temps de refaire le point !

Un tabou a sauté ! Et c’est Martin Maes qui fait figure de pionnier avec GT, en étant le premier top pilote à s’afficher clairement en compétition avec un vélo aux roues différentes : du 27,5″ à l’arrière pour le dynamisme et la nervosité, pour préserver la maniabilité, garder des possibilités de « drift » et de « jeu de placement » plus facile de la roue arrière ; et du 29″ à l’avant pour le grip latéral, un meilleur « lissage » des petits impacts. Sans oublier que ce combo ouvre aussi des possibilités au niveau de la géométrie en permettant (si besoin et sans aller non plus vers des extrêmes où on commence à rencontrer des soucis qui gomment les avantages) d’abaisser un peu plus encore le boîtier de pédalier et de coucher les angles.

Après avoir songé à cette option pendant l’hiver et convaincu les ingénieurs de chez GT de lui faire un Force spécial, Martin Maes semble avoir été convaincu au point de décider d’emmener son « Frankenstein bike » avec lui en Nouvelle-Zélande et en Australie pour les deux premières manches de la saison EWS 2019 !

Forcément, il n’est pas encore très bavard sur ce vélo encore à l’état de prototype, mais les petites étoiles qu’il ne peut cacher dans ses yeux quand on évoque le sujet en disent assez long sur le potentiel qu’il entrevoit pour ce vélo. Pour le reste, il nous semble aussi constater que Martin roule avec de nouvelles jantes NoTubes Flow au profil modifié, et qu’il a aussi reçu son nouveau groupe XTR 12 vitesses équipé non pas du pédalier initialement prévu (et qui ne verra peut-être jamais le jour en raison de soucis de production), mais d’une version « hybride » qui sera proposée à la vente dans un premier temps et qui mélange des manivelles proches des anciennes XTR avec le nouveau plateau Direct Mount.

Mais revenons à nos moutons et au mix des différentes tailles de roues ! Dans quelles autres disciplines pourrait-on en voir ? Est-ce vraiment nouveau ? Qu’en penser ?

Un peu d’histoire

L’idée de mélanger les tailles de roues est presque aussi vieille que le vélo lui-même. Pensez simplement au grand-bi ! C’est aussi de mise en motocross. Dans le VTT, c’est c’est pareil sur le principe même si c’est évidemment un peu différent dans les objectifs recherchés (surtout par rapport au grand-bi, puisqu’avec le MCX, il y a de vraies similitudes) : on met la petite roue derrière pour le poids, la vivacité (bases courtes, meilleure rigidité,…) et la grande roue à l’avant pour l’accroche ou encore la meilleure absorption des impacts (liste non exhaustive). Historiquement, c’est à Trek qu’on peut attribuer la première vraie tentative du genre avec son 69er. Un vélo qui, malgré sa diffusion assez confidentielle – il s’agissait d’un singlespeed – a marqué son époque et tous ceux qui avaient eu l’occasion de le tester. Des lecteurs nous rappellent aussi une version 24/26″ du Specialized BigHit.

Ensuite, c’est Moustache qui, dans le vélo électrique, a popularisé cette solution sur ses premières gammes. La marque est finalement revenue au montage de roues identiques – en 27,5+ – depuis quelques années car elle juge le format plus adapté à l’électrique et à son poids supérieur, mais la bonne nouvelle, c’est que les vélos en 27,5+ acceptent sans souci également du 29 ! Libre donc à l’utilisateur de faire ses choix et ses expériences !

C’est d’ailleurs ce que nous avions fait il y a bientôt deux ans, lorsque nous avions testé le Santa Cruz Tallboy, compatible 27,5+ et 29″. Pour notre part, nous avions été très séduits par le mix 27,5+ à l’arrière et 29 devant. Nous parlons bien d’usages soit orientés plaisir/rando, gravity (enduro/DH) ou e-bike et pas du XC, où la roue de 29 à l’arrière offre des avantages au niveau inertie et (conservation de la) vitesse pour ce type de discipline. Et ce n’est de toute façon pas permis à ce stade comme vous le verrez ci-dessous.

Pour plus d’infos et de détails, nous vous recommandons de (re)lire notre article complet sur le sujet : www.vojomag.com/dossier-29-pouces-275-plus-melanger-les-deux-vojo-a-teste-pour-vous

La fin d’un verrou réglementaire

Si pas mal d’amateurs et quelques marques avaient déjà testé cette solution, sa popularisation était freinée par l’impossibilité d’utiliser un tel montage en compétition. Une ancienne règle UCI, pensée à la base pour bannir les vélos de chrono extrêmes qu’on a vu arriver sur route dans les années 90, interdisait en effet l’usage de tailles de roues différentes sur un vélo en compétition.

Mais pour 2019, ce verrou a sauté ! Dans son point 4.1.044, le règlement technique UCI 2019 précise que :

For Mountain Bike downhill and enduro events, as opposed to the general rule defined in article 1.3.006, the two wheels can be of a different diameter (…)

En clair, en enduro et DH, il est désormais officiellement possible d’utiliser des tailles de roues différentes à l’avant et à l’arrière, pourvu qu’elles restent dans les limites acceptées par l’UCI. C’est de cela que profite aujourd’hui Martin Maes… et notre petit doigt nous dit que d’autres devraient suivre (surtout si le jeune phénomène belge, déjà très rapide naturellement, gagne avec cette solution) !

L’avenir

En compétition DH et enduro, au-delà de Martin Maes, des bruits de couloirs nous rapportent que beaucoup de pilotes et de teams sont en train de mener des essais en la matière. Peu en ont parlé officiellement, sauf Rachel Atherton qui a clairement indiqué qu’il est probable qu’elle adopte cette solution sur les vélos de la nouvelle marque familiale, mais il y a de grandes chances qu’on voie des vélos de ce type arriver aussi en DH dès les premières courses 2019. On parle ici d’une roue 27,5 « classique » avec pneu en 2.4/2.5 comme à l’avant. Mais le nouveau format 2.6 pourrait aussi apporter des solutions intéressantes. Quant au 27,5+, il n’en n’est pas question ici, car il apporte trop de flou pour ces pilotes très pointus.

En compétition e-bike, notamment au niveau des teams qui courront en World eBike Series, il semble que cette solution sera très populaire ! Les e-teams Haibike et Lapierre ont déjà annoncé qu’ils rouleront avec du 27,5*2.8 à l’arrière et du 29″ de section plus classique à l’avant. Et quand c’est la solution retenue notamment par un certain Nicolas Vouilloz, dont on connaît les qualités de pilote mais aussi de très fin metteur au point, on se dit que c’est tout sauf une vaste blague.

En production, si les pionniers Trek et Moustache ont (temporairement ?) abandonné ce mélange des tailles de roues, des indices montrent qu’il pourrait s’agir d’une nouvelle importante tendance, faite pour s’installer durablement sur les segments All-Mountain, enduro, DH et e-Bike. Ainsi, tout en offrant les deux options, Schwalbe met clairement en avant ses nouveaux pneus ebike, les Eddy Current, en 27,5+ derrière et 29 devant. Canyon a retenu cette option pour son Spectral:ON électrique, sans oublier Rockrider qui donne le choix sur de nombreux modèles de sa gamme avec son « Switch & Ride ».

Si on peut reprocher, souvent à juste titre, au monde du vélo d’aller parfois un peu dans tous les sens, après avoir eu l’occasion de tester il y a deux ans déjà, nous croyons très fort en ce mix des tailles de roues 27,5 arrière/29 avant car il apporte de réels avantages sur le terrain. Reste aux constructeurs à le présenter avant tout comme une porte ouverte, en proposant des châssis multi-compatibles 27,5/27,5+/29 qui laissent le choix au consommateur, un peu comme Rockrider, et pas uniquement de nouvelles plateformes fermées qui risquent d’être ressenties par le consommateur simplement comme une énième tentative de lui faire renouveler son matériel. Ce qui serait dommage…

Pour aller plus loin, rendez-vous sur nos articles et tests des différentes solutions 27,5/29″ :

ParOlivier Béart