Test | Trek Slash 9.9 RSL : bien secouer pour un meilleur usage

Par Paul Humbert -

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Test | Trek Slash 9.9 RSL : bien secouer pour un meilleur usage

Depuis sa présentation l’été dernier, le Trek Slash 9.9 fait tourner bien des têtes. Machine imposante, archétype du vélo d’enduro moderne, ce 29 pouces à gros débattement a également oublié d’être désagréable à regarder. Plein de promesses, ce vélo a rejoint nos sentiers pour un test longue durée. À qui s’adresse-t-il, est-il à mettre entre toutes les mains et jusqu’où peut-il nous emmener ? Voilà certaines des questions auxquelles nous avons tenté de répondre : 

La version la plus haut de gamme RSL, pour « Race Shop Limited », est présentée dans sa livrée rouge, offre un équipement au top et des cotes on ne peut plus engagées à l’attention de ceux qui souhaitent sortir de leur magasin de vélo pour s’aligner immédiatement, et sans avoir à se faire du souci, sur des courses d’enduro.

Le vélo est désormais aux mains des pilotes EWS de la marque et après la dernière manche de Finale Ligure, Katy Winton boucle la coupe du Monde à la troisième place du classement général.

Le cadre est tout en carbone et développe un débattement de 150mm. On retrouve tous les derniers standards comme le boost (148, 110mm) ou la transmission exclusivement mono-plateau, dans la mesure où ils sont utilisés comme partie intégrante de la conception de la partie arrière du vélo afin d’offrir des bases courtes, de moins de 435mm.

Le cadre du Trek Slash 9.9 regorge de petits détails. Côté protection, on remarque la présence d’un jeu de direction intégrant un « Knock block system ». Pour faire simple, le design du cadre n’isole pas le tube inférieur du té de la fourche, qui peut venir l’impacter. Le « Knock  Block system » se situe dans le jeu de direction et utilise une petite pièce (remplaçable) qui vient faire « fusible » et bloquer la rotation de la fourche. Des potences d’autres marques sont utilisables. Et pour une petite dose de protection en plus, des inserts en caoutchouc équipent le haut du cadre.

Pour le côté pratique (même si ça ne l’est jamais vraiment) les câbles et gaines traversent le Slash en interne. Des plots ISCG05 équipent également le Slash.

Géométrie

Comme sur la majorité des VTT all-mountain et plus gros chez Trek, on retrouve le « Mino-Link », une petite pièce permettant de changer en un tour de vis la géométrie du cadre. Plus ouvert pour « envoyer » ou plus fermé pour conserver plus de dynamisme, les deux positions ont leurs avantages et leurs inconvénients mais permettent de s’adapter à de très nombreux terrains.

Ouvert, vous avez dit ouvert ? Avec son angle de chasse allant de 65,6 à 65,1°, ce 29 pouces « engage ». Ses bases affichent 434mm, la hauteur du boitier de pédalier évolue de 7mm en basculant les positions. L’angle du tube de selle affiche 73,6 ou 74,1 degrés.

La géométrie complète est à retrouver sur le site de la marque : ici

Au total, le vélo affiche 1219mm de long en taille L (19,5″). Le Trek Slash est disponible en quatre tailles à des tarifs allant de 3999 à 7499 euros pour le modèle RSL.

Cinématique

Trek a marqué un tournant dans sa manière d’aborder la suspension de ses gros vélos. La firme américaine a, avec l’avènement des amortisseurs au standard Metric, abandonné son système de suspension flottante pour une cinématique plus classique. Le point de pivot arrière se situe néanmoins au niveau de l’axe de roue.

Le tout permet de rendre le cadre plus compact, de le rigidifier et d’obtenir d’excellentes performances, d’après la marque, grâce aux amortisseurs de dernière génération.

Avec ses haubans et ses bases qui se rejoignent en un même point de pivot, Trek conserve d’excellentes performances au freinage. La marque a baptisé ce système « ABP », pour « Active Braking Pivot », et le décline sur tous ses fulls.

Avec cette cinématique, le Trek Slash est proche du Session de descente de par sa construction mais aussi son look.

Composants

Sur cette version très haut de gamme RSL du Trek Slash 9.9, on retrouve des suspensions Fox et une transmission Sram Eagle.

Trek installe une Fox 36 Talas dont le débattement peut être de 130 ou de 160mm. Nous y reviendrons plus tard, mais cette position de 130mm, à défaut d’avoir un intérêt en descente, abaisse l’avant du vélo et le rend plus facile au moment de pédaler. C’est un choix très peu courant et on avait presque oublié que cette fourche, très en vogue aux débuts de l’enduro, existait encore dans la gamme Fox.

L’amortisseur est un Float X2 offrant deux positions, une ouverte et l’autre fermant la compression pour le pédalage. 4 réglages sont possibles et modifiables uniquement avec des clés allen (compression et rebond basses/hautes vitesses). La finesse des réglages possibles est vraiment grande mais, et ce n’est pas une surprise, il faut passer du temps pour trouver le bon setup, même si les indications de Fox et de Trek permettent de trouver assez vite les premières bonnes orientations.

Sram équipe le Trek Slash 9.9 RSL de son groupe Eagle X01 et d’un plateau de 32 dents. Le tout est diablement efficace et on s’adapte parfaitement au programme du vélo.

Du côté du train roulant, Trek fait confiance à sa marque de composants « maison », Bontrager. Là, c’est une très bonne surprise avec les roues Bontrager Line Elite de 30mm de largeur couplées aux pneus SE4 Team issue en section 2.4. Le dégagement du triangle arrière du Slash permet également d’installer des pneus de plus grande largeur, jusqu’à 29×2.6. L’ensemble s’est révélé très fiable et dynamique sans être trop rigide. Le grip des pneus s’est montré bien polyvalent.

Bontrager installe également un poste de pilotage avec un cintre en carbone de la gamme Line Pro en 35mm de diamètre et en 780mm de large.

La tige de selle a été présentée par Bontrager en 2016 avec son levier (à câble) de commande intérieur. Le tout fonctionne convenablement mais nous aurions aimé voir les débattements évoluer en fonction des tailles. Là, la tige de selle affiche 125mm sur les 4 tailles de cadre et pour les grands, c’est peu. Le freinage est confié au tout haut de gamme de Sram avec les Guide Ultimate.

Un cadre imposant, des composants bien pensés, le Trek Slash 9.9 RSL ne donne envie que d’une chose : aller rouler et envoyer.

Trek Slash 9.9 RSL 29 : Sur le terrain 

Avant d’aller sur les sentiers, on passe notre vélo sur la balance. En taille L (19,5), il affiche 13,4kg. Le réglage de la bête nécessite une certaine attention et on reviendra à de nombreuses reprises sur le Fox Float X2 avant de trouver notre bonheur. Un pilote expérimenté pourra, avec un peu de temps, tirer la quintessence de la machine en adaptant les réglages de hautes et basses vitesses, de compression et de détente.

Les premiers mètres au guidon du Trek Slash 9.9 RSL sont impressionnants. On est vraiment bien posé sur le vélo et tout semble bien pensé. Le vélo est particulièrement stable, rapide et autant dans le « plaisir d’offrir » que dans la « joie de recevoir » quand on se trouve en forme et sur une spéciale rapide est engagée.

Sorti de ce contexte, il convient de nuancer les performances du Trek Slash 9.9 RSL. Le vélo a été conçu pour être un vélo de course, à l’attention de pilotes expérimentés et exigeants.
Au pédalage, la machine est convenable mais fatigante. On grimpe au train, en bloquant d’une main l’amortisseur Fox, mais on reste très en arrière sur la machine. Dans les sentiers, l’angle de chasse du vélo nécessite une certaine attention mais tout cela ne devrait pas rebuter les meilleurs pilotes. Pour les autres, la fatigue se fait vite sentir et il convient vraiment d’être en forme pour passer de longues journées à son guidon.

De temps à autre, en montée, on adapte la hauteur de la fourche en tirant profit du système Talas, qui ramène le débattement à 130mm. Cette fourche, qui s’est révélée performante et confortable, empêche toutefois l’utilisation de spacers en interne. Une limitation des réglages qui pourrait gêner les plus fins techniciens.

En descente, le vélo est une arme quand on est en forme et les véritables spéciale d’enduro sont son terrain de jeu de prédilection. Le vélo file droit, il est particulièrement rigide et suit à la ligne les recommandations de son pilotes. L’arrière assez court offre des possibilités de variation d’angle énormes pour se positionner dans les virages les plus étroits. Il faut toutefois avoir l’engagement nécessaire pour marquer ses courbes. L’amortisseur offre une belle progressivité et on peut encaisser des successions de petits chocs autant que des plus gros sans broncher. Le Trek Session n’est plus bien loin et la promesse de la marque est tenue : on reste au contact du terrain pendant les freinages.

Le vélo est rigoureux et répond parfaitement aux attentes des racers les plus exigeants. La taille de roues apparaît, à son guidon, comme de la logique même. Dimensionné ainsi et pour un tel programme, le Trek Slash 9.9 se devait d’adopter ces grandes roues.

On remarque, après quelques semaines de test, que la peinture du cadre est relativement fragile avec l’apparition de quelques éclats. Etonnant pour Trek qui, il n’y a pas si longtemps, était réputé pour la qualité de ses peintures. Mais c’est un point que nous avons remarqué aussi sur le Top Fuel de XC testé il y a quelques mois.

Excellent dans son positionnement « de niche », le Trek Slash a les défauts de ses qualités. Particulièrement rigide, il ne se pilote pas en dilettante. L’engagement devra être celui de tous les instants pour charger l’avant du vélo, marquer ses virages et rentrer dans le vélo. On retrouve les grandes caractéristiques des vélos de cette catégorie et on peut comparer le Trek au Norco Range 29, ou encore à un Specialized Enduro. Les grandes lignes sont identiques mais le Range se révèle moins exigeant, avec une suspension peut-être un peu moins aboutie aussi, et surtout moins élitiste.

En montagne, le vélo est parfait. En dehors, assurez-vous d’avoir de l’amplitude et de grands espaces où l’emmener. La machine veut rouler vite et, même si sa rigidité et son poids relativement contenu (pour un tel vélo) lui permettent de s’en sortir entre de bonnes mains, il ne se transforme pas pour autant en un jouet sautillant. Le vélo est rigoureux, avale le terrain, lisse les freinages et encaisse sans broncher.

À défaut d’engagement nécessaire ou de terrain assez accidenté, le Trek Slash 9.9 RSL devient « trop ». Trop gros, trop grand, trop ouvert, trop rigide.

Verdict

Avec un look à tomber, un équipement sans faute et une construction sans compromis, le Trek Slash 9.9 RSL 29 pouces a tout pour être un excellent vélo pour les compétiteurs d’enduro évoluant en milieux montagneux. Un pilotage fin et engagé sera nécessaire pour tirer le meilleur de cette machine. En dehors du programme où si vous n’avez pas le bagage pour l’emmener, passez votre chemin, le Trek Slash 9.9 RSL n’est pas à mettre entre toutes les mains. 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.trekbikes.com/

ParPaul Humbert