Test : freins Sram Guide R

Par Christophe Bortels -

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Test : freins Sram Guide R

Avec la famille Guide, Sram compte bien redorer son image en matière de freins à disque, jadis ternie par des soucis de fiabilité. Pari réussi ? Verdict avec ce test du Guide R, modèle d’entrée de gamme.

Ce n’est pas un secret, Avid, la division freins de Sram, n’a pas toujours rimé avec fiabilité. A l’heure où le géant américain donne le « la » en matière de transmission avec notamment ses excellentes solutions mono-plateau XX1, XO1 et maintenant X1, et fait de même dans le monde des fourches grâce à la Rock Shox Pike, il se devait d’agir pour revenir dans la course sur le marché des freins à disque. C’est ainsi que la toute nouvelle famille Guide est née. Et pour vraiment marquer le coup, ces modèles ne sont plus siglés Avid, mais bien Sram !

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Sur le papier

Si l’étrier de frein est similaire à celui du XO Trail (4 pistons de 14 et 16mm), les ingénieurs Sram sont repartis d’une page blanche en ce qui concerne le maître-cylindre. Réservoir PiggyBack 3x plus volumineux que celui du Avid XO Trail, capot flexible Pure Bladder destiné à réguler et réduire les bulles d’air, nouvelle connexion TPC Plus entre le réservoir et le maître-cylindre, et on en passe. Y a pas à dire, la fiche technique impressionne et tout semble avoir été mis en œuvre pour maximiser la fiabilité. Nous verrons si ça se confirme sur le terrain… Autre nouveauté : le SwingLink, une came à la forme particulière. Lorsqu’on appuie sur le levier, elle offre un contact plus rapide des plaquettes sur le disque en diminuant la « zone morte ». Elle permet également de moduler la puissance afin de réduire l’effet ON/OFF. Mais cette technologie est absente du modèle d’accès que nous testons ici et n’est disponible que sur les deux Guide plus haut de gamme.

La famille se compose en effet de trois modèles : Sram Guide R, Guide RS et Guide RSC. Pas très sexy, mais relativement simple à décrypter puisque chaque lettre correspond à un réglage ou une technologie. R pour Reach (réglage de la garde), S pour SwingLink (la fameuse nouvelle came) et C pour Contact (réglage du point de contact). Le modèle testé ici, le R, ne dispose donc que du réglage de la garde et fait l’impasse sur le SwingLink, remplacé par un DirectLink plus traditionnel. On précisera aussi que grâce à la conception du maître-cylindre, les freins avant et arrière sont réversibles, autrement dit on peut les mettre indifféremment à gauche ou à droite sur le cintre, en fonction de ses goûts et de ses habitudes. Un petit passage sur la balance nous indique que les Sram Guide, sans être particulièrement light, sont dans la moyenne des freins 4 pistons : 256g pour le frein avant tout nu, 290g avec l’adaptateur et la visserie. Le frein arrière affiche quant à lui 15g de plus, durit plus longue oblige.

Les disques sont eux aussi passés par la case refonte complète et répondent au doux nom de Centerline. Le design, inhabituel mais plutôt réussi, a été étudié pour réduire les risques de bruit et de vibrations. Nous verrons également si sur ce point les promesses sont tenues ! Poids de nos disques en 180mm : 149g la pièce.

Enfin, côté tarif, avec un prix public conseillé de 115€ par frein et des promotions sur le Web qui permettent de l’acquérir pour encore moins cher, le Sram Guide R ne risque pas de plomber votre budget.

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Sur le terrain

Le montage sur le vélo se fait sans difficulté particulière. Le réglage des étriers est simple et rapide tandis que le levier droit s’intègre parfaitement à notre shifter XO1 grâce au système Matchmaker. C’est propre, le poste de pilotage est épuré et on peut ajuster le shifter en hauteur puisqu’il « tourne » autour du cintre , le long de la fixation du frein. Par contre quand on vous disait plus haut que le nouveau réservoir de DOT est plus grand, il est vraiment imposant et pose un véritable problème au-delà des considérations esthétiques : en s’écartant si nettement du cintre (plus de 7cm au point le plus éloigné), l’extrémité du frein vient buter contre le cadre quand on tourne le guidon au maximum. On n’ose pas imaginer l’état d’un top tube en carbone en cas de gros crash… A titre de comparaison, un frein Avid Elixir « dépasse » de 6 bons centimètres,un Shimano XTR de 5cm et un Hope M4 de 4 centimètres.

L’autre bémol, moins important toutefois, vient de la molette de réglage de la garde qui présente du jeu et semble fragile quand on la manipule. Aucune chute importante n’a été à déplorer durant notre test, mais on ne donne pas cher de sa peau en cas de choc direct. Par contre, le reste du frein – maître-cylindre comme étrier et disque –, est de très bonne facture et respire la robustesse… Allez, il est temps de grimper sur le vélo et de voir ce que ces Sram Guide ont dans le ventre !

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Une fois la garde réglée à notre goût, les leviers tombent parfaitement sous les doigts et s’avèrent très ergonomiques. Si vous aimez la forme et le feeling des leviers Shimano ou Hope, vous ne serez pas dépaysés. Le contact est lui aussi très agréable : c’est net et franc sans être sec. Bref, exactement comme ça doit être ! Quant au rodage, il s’agit d’une simple formalité et il s’effectue très rapidement. Après quelques kilomètres et quelques descentes, le mordant fait son apparition. Et pour mordre, ça mord ! La puissance est aussi impressionnante que surprenante avec nos disques de 180mm et en freinant à un seul doigt. Pour autant, et malgré l’absence du fameux SwingLink, on n’est clairement pas en présence d’un frein ON/OFF. Le Sram Guide R est modulable à souhait et permet une excellente gestion du freinage dans des situations où il ne faut surtout pas bloquer les roues, une descente pentue, technique et boueuse par exemple. A l’inverse, en cas d’urgence il suffit d’appuyer plus franchement pour bénéficier de toute la puissance, sans pour autant devoir appuyer très fort.

Ces caractéristiques se marient en tout cas très bien avec nos préférences en matière de garde du levier, relativement proche du cintre, ce qui permet moins de fatigue et encore plus de modulation, tout en gardant la puissance à portée de doigt. Hiver oblige, nous n’avons pas pu mettre ces Sram Guide à l’épreuve en montagne sur de très longues descentes, mais ils n’ont jamais montré de signes de faiblesse lors de runs engagés de plusieurs minutes, le freinage restant toujours constant et efficace. Grâce à cet excellent comportement, on en vient naturellement à oublier ces freins lors de nos sorties : ils sont là, confortablement calés sous nos doigts, et feront le boulot quoi qu’il advienne.

Et la fiabilité dans tout ça ? Pour l’instant, tout va bien ! Aucun problème n’a été à déplorer en plusieurs mois d’utilisation. Le freinage est toujours vaillant, les plaquettes organiques se montrent endurantes et les disques Centerline tiennent leurs promesses, tant au niveau de la réduction des vibrations que du bruit, bien contenu même dans des conditions humides.

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Notre verdict

Le pari est donc réussi. Avec ses Guide, Sram revient dans la course et rivalise désormais à nouveau avec les valeurs sûres du secteur que sont Shimano, Magura, Hope, etc. Ces R sont certes le modèle d’entrée de gamme et ne bénéficient pas du SwingLink ni du réglage du point de contact, mais on l’oublie très vite car la modulation et la puissance sont bien là, de même que la fiabilité. Si le maître-cylindre n’était pas si imposant – et la vis de réglage de garde d’aspect un peu fragile –, ce serait tout simplement le sans-faute. Quoi qu’il en soit, notre test ne s’arrête pas là, les Sram Guide resteront sur l’un de nos vélos et nous ne manquerons pas de mettre à jour cet article dans quelques mois pour un petit topo !

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ParChristophe Bortels