Test | Moustache Samedi 27 Off 6 : simple et déluré !

Par Olivier Béart -

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Test | Moustache Samedi 27 Off 6 : simple et déluré !

Un hardtail électrique, cela a-t-il vraiment du sens ? Tout le monde se pose la question, y compris chez Moustache. Mais, après l’avoir roulé et s’être tellement amusés au guidon du Samedi 27 Off 6, ils disent n’avoir plus eu aucun doute. Nous avons voulu vérifier par nous-mêmes ce qu’il en est et pour voir si, quand on a des envies d’électrique mais pas un budget illimité, on peut se passer de suspension arrière.

Si la gamme VTT Moustache est essentiellement composée de fulls, les semi-rigides sont encore bien présents, et pas que pour un usage urbain ou mixte utilitaire/chemin. La gamme Moustache Samedi 27 Off comprend, d’une part, des vélos plus destinés à un usage tout chemin (les Off et Off 2), puis de vrais VTT adaptés à un usage nettement plus sportif et équipés d’un cadre différent pour les Off 4, 6 et 8.

Côté tarifs, le Moustache Samedi 27 Off 4 démarre à 3299€ avec la « petite » batterie 400Wh (3499€ en 500Wh), puis notre Off 6 est affiché à 3999€ et enfin le haut de gamme en fourche Fox et composants plus haut de gamme est à 4799€. Le tarif du Off 6 testé ici est dans la moyenne des semi-rigides vraiment orientés VTT, comme le Specialized Levo HT 6 Fattie, le nouvel Orbea Wild HT 20 ou encore le Scott e-Scale. Par contre, à ce tarif là, il entre en concurrence avec les premiers fulls, y compris au sein même de la gamme moustache, puisque le 27 Trail 4 en batterie 500Wh est seulement 100€ plus cher. Certes, il est un peu moins bien équipé (fourche, groupe, freins), mais le moteur et la batterie sont identiques… et il a une suspension arrière.

Cadre et motorisation

De conception très récente, ce cadre repend le principe « hidden power » de Moustache, à savoir l’insertion de la batterie Bosch au sein même du tube diagonal. Aujourd’hui, la marque allemande, dont les moteurs équipent l’entièreté de la gamme Moustache depuis toujours, dispose également d’une solution de batterie intégrée disponible pour tous ses partenaires, mais ce n’est que très récent (quelques mois tout au plus alors que ce principe est présent chez Moustache depuis la saison dernière).

Autre avantage du concept Moustache : on dispose d’une batterie plus courte et compacte qui permet un meilleur centrage des masses près du boîtier de pédalier. Nous nous sommes déjà aperçus dans d’autres tests que ce point est crucial pour déterminer le comportement du vélo, et que certains vélos à batterie intégrée (surtout Shimano, très longue) ont tendance à être lourds de l’avant et un peu patauds. Ici, on a en quelque sorte le meilleur des deux mondes, avec une belle intégration visuelle et un centrage de masses parfait. La batterie reste aussi facilement amovible et une ouverture dans le tube permet de brancher le câble d’alimentation sans devoir tout retirer pour recharger.

Sur le Moustache Samedi 27 Off 6, on dispose de la plus grosse batterie Bosch, en 500Wh, et du désormais bien connu moteur Bosch Performance CX. Nous n’allons pas vous dérouler la fiche technique, qui ne va pas nous apprendre grand chose, mais retenons simplement qu’il s’agit du haut de gamme de la famille Bosch et qu’il se distingue par son couple (75Nm) ainsi que par la manière résolument sportive qu’il a de délivrer son assistance.

Il est ici combiné à la commande Purion, la plus minimaliste, qui combine à la fois l’écran de contrôle des fonctionnalités et les boutons permettant de faire varier l’assistance. Certes, elle est compacte, mais nous lui préférons clairement l’Intuvia, placée au centre avec des boutons déportés et qui se montre à la fois plus lisible et ergonomique.

Plus intéressant, notre Moustache Samedi 27 Off 6 est doté de la dernière version du software Bosch, qui intègre le fameux nouveau mode e-MTB. Celui-ci agit comme une sorte de « boîte automatique » en oscillant toute seule, selon les circonstances, entre les modes Tour (120% d’assistance), Sport (210%) et Turbo (300%). Le mode Eco (50%) reste, lui, inchangé. Nous en reparlerons dans la partie test terrain, mais nous avons vraiment été séduits et il s’agit d’une belle amélioration qui vient donner plus de rondeur au moteur Bosch, connu auparavant pour son caractère plutôt rugueux.

Pour le reste, le cadre se distingue par sa très belle finition et des tubes hydroformés particulièrement travaillés, dans un objectif de rigidité pour supporter sans mal le surpoids du moteur et de la batterie. L’arrière est un peu plus fin, mais il n’est pas possible sur ce genre de machine d’aller au-delà et nous verrons sur le terrain s’il est possible d’avoir un minium de filtration des vibrations sur un électrique semi-rigide, comme c’est le cas aujourd’hui sur de nombreux hardtails sans moteur.

Géométrie

Moustache met en avant le côté joueur de son Samedi 27 Off 6, et c’est principalement au niveau de la géométrie que cela se joue. On constate qu’il est très court de l’avant, avec seulement 398mm de reach en taille M, alors que beaucoup de vélos contemporains vont sur des mesures de 420mm, voire bien plus dans la même taille. Les fulls de la marque sont d’ailleurs beaucoup plus longs, avec 436mm de reach en M. La potence est aussi très courte : 55mm. Dans ce cadre, et malgré les préconisations de la marque, nous ne conseillons pas le medium au-delà d’1,8m.

L’angle de direction de 67,7° (avec une fourche en 130mm) est intéressant et montre qu’il n’est pas conçu juste pour rouler sur du plat. Quant aux bases, avec 459mm, elles restent plutôt longues malgré l’absence de suspension (elles font 465mm sur les suspendus de la marque) et elles montrent que c’est avant tout l’encombrement du moteur qui empêche d’aller en dessous de ces valeurs.

Equipements

Situé en milieu de gamme, le Moustache Samedi 27 Off 6 n’entend pas offrir du luxe et des noms ronflants sur ses composants, mais bien du solide, de l’efficace et ce qu’il faut où il faut pour s’amuser.

Premier point : les roues. Depuis la saison 6, Moustache a abandonné les tailles de roues différenciées (27,5 derrière et 29 devant) au profit du format 27,5 Plus, avec ici un choix de pneus Maxxis Rekon en 2.8 de section, particulièrement bien adaptés aux vélos électriques et au dessin polyvalent. Cette section est encore plus recommandée quand il s’agit, comme ici, d’un semi-rigide. De par son poids, l’électrique va rester plus collé au sol qu’un vélo classique et on ne dispose pas ici d’une suspension pour amortir les chocs derrière. Avec des pneus de grosse section, c’est un bon moyen pour récupérer du grip ainsi que du confort.

Alors que nous sommes habitués à rendre nos VAE de test avec des jantes marquées (voire parfois presque détruites), celles du Moustache sont restées intactes.

Comme souvent, Moustache développe ses propres composants, et c’est le cas pour les roues, construites sur bases des jantes maison « Just » (admirez au passage le jeu sur le logo Moustache dans la déco) en 35mm de large. On sait ces composants soumis à de fortes contraintes sur un vélo électrique et on ne peut que saluer leur qualité. Rigide mais pas raides, ces roues sont surtout indestructibles ! Alors que nous sommes habitués à rendre nos VAE de test avec des jantes marquées (voire parfois presque détruites), elles sont ici restée intactes. Chapeau.

Au niveau de la fourche, Moustache a fait appel à SR Suntour, avec la Raidon en 130mm de débattement. Un bon moyen de faire des économies par rapport aux grandes marques, tout en restant sur un produit qualitatif. Les réglages sont basiques (rebond et blocage), mais le châssis est très bien fini avec ses fourreaux en magnésium qui n’ont rien à envier aux grands, ses plongeurs de 34mm de diamètre au revêtement noir anti-frictions, un garde-boue intégré et le génial système QR15 rapide propre à la marque.

La transmission est en Shimano SLX/XT avec une cassette Sunrace 11/46 qui présente un étagement plus régulier que la version d’origine.

Magura s’occupe du freinage avec les très puissants et agréables MT4, et les accessoires sont tous siglés Moustache. Cela permet sans doute à la marque de faire quelques économies, mais ils n’ont rien de composants au rabais. La finition et l’ergonomie du poste de pilotage sont parfaites et la tige de selle télescopique, dont on se réjouit de la présence (ce qui n’est pas toujours le cas chez les concurrents) fonctionne parfaitement. Nous avons juste eu un souci de perte d’air avec un premier exemplaire, ce qui nous a étonnés car Moustache n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine et nous n’avions jamais rencontré de souci lors de précédents tests de vélos de la marque. Le deuxième exemplaire reçu fonctionnait par contre parfaitement.

Moustache Samedi 27 Off 6 : le test terrain

Nous n’avons pas souvent testé de vélos électriques sans suspension arrière sur Vojo. Un seul en fait : le Specialized Levo HT. Par rapport à lui, le Moustache dégage d’emblée l’impression qu’il est davantage fait pour jouer que pour enquiller des bornes. Le vélo est très ramassé, et cela se sent directement : c’est un jouet hyper maniable dans le sinueux. Au point qu’on en oublie les bases assez longues, puisqu’il tourne dans un mouchoir de poche.

En y réfléchissant, on se dit que c’est un choix qui se tient : puisque le vélo aura du mal à être à l’aise à haute vitesse à cause de l’absence de suspension arrière et de son poids, autant faire le maximum pour qu’il soit le plus fun possible. Et ça marche !

En montée, on s’amuse à jouer au trialiste et à se lancer des défis improbables. Le plus souvent, ça passe ! Pour cela, le nouveau mode e-MTB du moteur Bosch marque une grosse amélioration par rapport au précédent système de gestion. Pour tout vous dire, à part quelques passages en Eco pour économiser la batterie, nous ne l’avons jamais quitté. Il apporte de la rondeur à ce moteur connu pour avoir un tempérament plus « main de fer dans un gant de fer » que « main de fer dans un gant de velours » comme le Shimano. Et il agit comme une sorte de boîte automatique, adaptant très efficacement le niveau d’assistance aux circonstances, sans qu’il soit toujours nécessaire d’intervenir manuellement. Ce qui est intéressant, d’autant que l’ergonomie de la commande Bosch Purion est perfectible.

Par contre, petite déception au niveau de l’autonomie. Nous avons cru entendre qu’elle était améliorée avec cette nouvelle gestion électronique, mais nous ne l’avons pas constaté sur le terrain et, lors de nos sorties, nous avons eu du mal à dépasser les 35km et 1200/1300m de d+. Cela reste la principale limitation des vélos électriques et le point sur lequel nous espérons le plus d’améliorations dans les années à venir ; bien plus que sur la puissance ou les performances du moteur car là n’est pas du tout l’enjeu selon nous.

Et c’est bien dommage qu’on ne puisse pas rouler plus longtemps, parce qu’on s’amuse bien au guidon de ce petit Moustache Samedi 27 Off 6. On l’a dit, il est assez redoutable en montée, où ses pneus Maxxis Rekon en 2.8 offrent un excellent grip et aident à faire oublier qu’on n’a pas de suspension arrière. Il n’y a que dans la grosse boue grasse qu’ils capitulent. Mais ils offrent un bon confort et une vraie capacité de filtration des petits chocs… que le cadre a par contre du mal à offrir.

On le pressentait, et cela s’est vérifié tout au long de notre test : le cadre est vraiment très rigide. Il doit l’être pour supporter le poids du dispositif d’assistance. Ce n’est pas gênant si le sol est lisse, et on peut envoyer du gros, y compris des sauts sur des pistes parfaitement shapées. Mais il n’y a pas de miracle, et les gros pneus ne peuvent pas tout gommer : quand la vitesse augmente dans le très technique et les portions fort chahutées, on sent que le vélo perd ses moyens. On perçoit de suite qu’on sort du programme de la machine et heureusement qu’on a de bons freins pour s’arrêter.

A l’avant, la fourche fait ce qu’elle peut, mais cela ne suffit pas. Certains de nos testeurs la regardaient avec un brin de mépris au départ, mais ils ont été agréablement surpris par ses capacités de filtration et sa précision, même si elle a tout de même tendance à trembler et plonger un peu trop au freinage. Le souci, c’est que, elle aussi, a tendance à perdre pied dans le défoncé. Même en jouant avec les tokens pour réduire la chambre d’air, on ne fait que durcir la fin du débattement et elle reste creuse en milieu de course par manque d’hydraulique. Ce n’est pas gênant pour les pilotes légers, quand on reste à un rythme cool (où la fourche est très flatteuse), mais c’est limitant quand on attaque.

Quand on revient à une allure plus relax, on retrouve un vélo sain, à la position bien équilibrée et droite qui incite à pédaler longtemps le nez au vent. Finalement, c’est plus pour cela qu’il semble fait : se balader peinard, puis tout à coup se lancer un défi et travailler sa technique quand on remarque un passage technique sur ou à côté de la piste, en montée comme en descente… du moment que cela ne va pas trop vite. Car alors, il faut vraiment un full ! Ou alors, tiens, soyons fous, un VAE hardtail en acier. Mais cela n’existe – hélas – pas encore. Eh, psst, Moustache, ce serait peut-être une idée à creuser ça, non ?

Verdict

Le Moustache Samedi 27 Off 6 est un excellent petit vélo pour qui cherche à se faire plaisir sans forcément aller très vite, ni attaquer et foncer à travers tout dans les descentes défoncées. Joueur et très maniable à basse vitesse, il n’y a pas de miracles quand le rythme s’accélère : là, il faut vraiment un full suspendu ! Une fois encore, malgré toutes ses qualités, nous pensons qu’en VTT électrique, mieux vaut – à prix égal – se tourner vers un full suspendu, quitte à faire quelques concessions sur l’équipement et améliorer sa machine au fil du temps. On pense d’ailleurs que son plus gros concurrent est situé au sein même de la gamme Moustache, avec le Samedi 27 Trail 4, vendu à peine 100€ de plus avec batterie 500Wh. Il n’y a que si vous prévoyez d’en faire aussi un usage utilitaire (velotaf, transport de bagages,…) ou si vous ne voulez vraiment pas avoir la contrainte de l’entretien d’une suspension que le hardtail reste un meilleur choix. A vous de bien connaître vos besoins…

Suite à cet essai, Moustache nous a pris au pied de la lettre et nous a confié le Trail 6 pour voir si une suspension arrière est vraiment un must en e-bike. Voici notre test : www.vojomag.com/test-moustache-samedi-trail-6-oui-en-electrique-le-full-suspendu-est-un-must/

Plus d’infos : www.moustachebikes.com/samedi-27-off-6

En raison d’un problème technique avec les fichiers source, certaines images de ce test peuvent apparaître comme pixelisées et en-dessous de nos standards habituels. Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser.

ParOlivier Béart