Prise en main | Santa Cruz Hightower

Par Paul Humbert -

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Prise en main | Santa Cruz Hightower

Le Santa Cruz Hightower est le dernier gros succès de la marque californienne. Présenté il y a plus d’un an maintenant, il a su se faire une place de choix dans la gamme Santa Cruz et on le retrouve même aux mains des pilotes EWS. 135mm de débattement à l’arrière, compatible 27,5 Plus ou 29 pouces, il offre un spectre d’utilisation très large. Afin de nous faire notre propre idée, c’est à son guidon que nous sommes allés découvrir les sentiers de Punta Ala en Toscane. Détails et prise en main: 

Au moments de commander un Hightower, deux choix s’offrent à vous, le premier est le « kit 27,5+ » et le second est le « kit 29 ». Dans le premier cas, le vélo arrivera avec une fourche de 150mm de débattement (561mm de l’axe de roue avant à la base du pivot) quand le second n’affichera que 140mm (551mm de l’axe de roue avant à la base du pivot). L’idée est de conserver l’angle de direction de 67 degrés (66,8 en 27,5 Plus, pour être complètement exact). Pour notre prise en main, nous avons opté pour le « kit 27,5+ » et nous nous sommes équipés d’une paire de roue en 29 qui sera montée sur la même fourche de 150mm, ouvrant ainsi d’autres possibilités au vélo. Le boitier de pédalier grimpe de 3,4mm et l’angle de direction s’ouvre de 0,4 degrés.

Dans les deux cas, un simple coup de clé allen permet de faire basculer le point d’ancrage de l’amortisseur à la biellette en position haute ou basse, pour s’adapter aux besoins de chaque taille de roue.

Côté géométrie, le Santa Cruz Hightower affiche un reach en taille L de 450mm (29) ou 448mm (27,5+) un stack de 613mm (29) ou 615 (27,5+), des bases de 435mm et, on le disait, un angle de direction de 67 degrés en 29 pouces et de 66,8 en 27,5 Plus.

Le cadre très haut de gamme du Santa Cruz présente des triangles avant et arrière en carbone. Comme souvent chez la marque, deux niveaux de finitions sont proposés : C ou CC. Dans le second cas, une fibre plus haut de gamme est utilisée et permet de gagner du poids. La marque annonce une différence de 230 grammes entre les deux. Dans sa version la plus haut de gamme, le Santa Cruz Hightower est annoncé à 12,08kg.

Les Santa Cruz n’en seront plus équipés à l’avenir mais le Hightower est équipé d’un axe qui nécessite deux niveau de serrage: le premier pour maintenir les roulements au contact, sans forcer, et le second pour sécuriser le tout. L’objectif est d’offrir la meilleure fluidité de mouvement mais le système sera remplacé face au trop grand nombre de personnes serrant trop fort et annulant ainsi les effets recherchés.

Le cadre est assez logiquement au standard Boost (148-110mm), qui lui permet ainsi d’accueillir les deux tailles de roues et des pneus de section 2.8 voir 3 pouces. Il n’est toutefois plus possible de monter un dérailleur avant sur le vélo.

Au rayon des petits détails, on peut fixer un porte-bidon sur le Hightower.

Santa Cruz décline ses cadres en 5 tailles (S, M, L, XL, XXL) et offre 7 niveaux de montages, de 4299 à 8999 euros. Sur les modèles CC, un « upgrade » vers des roues carbones est proposé. En lien étroit avec la marque Enve jusqu’il y a quelques mois, Santa Cruz a depuis annoncé se lancer dans la production de roues en carbone, les Reserve. Si les Enve sont encore proposées, on ne devrait pas tarder à voir les roues « maison » les remplacer, comme sur le Nomad présenté il y a quelques semaines.

Santa Cruz Hightower CC : prise en main 

C’est au printemps que nous avons pris le route de l’Italie. On passe devant Finale Ligure sans s’arrêter et on marque un stop, qui sera le bon, à Punta Ala, en Toscane. Notre point de chute est le camping Puntala resort, un site que son propriétaire, lui même fan de VTT, a placé au centre du sport dans la région depuis plusieurs années. Il a accueilli des courses d’enduro pour devenir aujourd’hui un site de tourisme pour les amateurs de notre sport. « Trail center », rides guidés ou service de navette, il y en a pour tous les goûts.

En ponctuant notre visite d’arrêts dans les différentes pizzerias de la région, nous avons pu découvrir les sentiers qui prennent leur départ à la sortie du camping et qui offrent un large éventail de possibilités à deux pas de la mer, juste en face de l’île d’Elbe. Faciles d’accès, les sentiers sont ludiques et on y pédale aussi bien qu’on y descend. Tout au long de notre séjour, nous avons croisé l’équipe de cross-country italienne, en stage dans la région.

Une fois ce secteur validé, on grimpe dans les navettes organisées par le camping pour rejoindre les montages et les nombreux trails construits et entretenus par les mêmes personnes. De la piste de descentes aux longs sentiers naturels, on retrouve, n’ayons pas peur des mots, tout ce qui fait une bonne sortie à vélo. Les terrains sont variés, tantôt meubles, tantôt très durs sur les rochers, et constituent un excellent terrain d’essai. Ce dernier, et la dolce vita bien entendu, nous a attiré et on nous souffle que Vojo n’est pas le seul média à venir profiter de ce cadre pour réaliser des essais.

Mais revenons à notre mouton. Le Santa Cruz Hightower arrive dans nos mains avec ses roues de 27,5 Plus chaussées de pneus Maxxis Reckon 2.8. C’est avec eux que nous découvrons le vélo.

La première phase de réglage du vélo nous a demandé un petit peu plus de temps qu’habituellement. En effet, avec un SAG à 30%, il nous était difficile de prendre tout le débattement, même dans les portions défoncées. On ne ressent pas d’inconfort mais autant aller au fond des choses. Finalement, c’est vers 35% du débattement qu’on s’arrête en conservant toujours de très bonnes performances à la pédale.

C’est sur ce plan que le Hightower nous bluffe en premier. Particulièrement capable en descente, il l’est aussi au pédalage. Très vif, il conserve et transmet un réel dynamisme.

Avec les gros pneus Plus Maxxis, on est presque comme à la maison à force de les retrouver sur nos vélos de tests. C’est d’ailleurs une bonne chose car on arrive à distinguer les réactions du pneu de celles du vélo. La première chose qu’on note, c’est la vivacité de l’ensemble, là où les pneus Plus, parfois associés à des vélos moins dynamiques, n’embellissent pas le comportement général. Ici, on retrouve une grosse dose de grip et de stabilité tout en conservant du dynamisme. Un mélange assez harmonieux pour une machine qui peut intimider au départ. Evidemment, en gagnant en confiance et en prenant en vitesse, on arrive aux bout des qualités de ce format de pneu qui, on le répète, a un véritable intérêt pour de nombreuses personnes.

On bascule le point d’ancrage de l’amortisseur et on glisse les luxueuses roues Enve 60 29 sur le Santa Cruz Hightower. Dès les premiers appuis et coups de pédales, la machine déploie ses ailes, un peu comme si les pneus Plus la gardaient sur la retenue. On retrouve un petit peu le même profil de vélo que le YT Jeffsy que nous avons adoré, très polyvalent et presque sans limite. Le curseur est toutefois un peu décalé vers la droite avec le Santa Cruz qui est encore plus capable en descente mais peut-être un petit peu moins au pédalage.

On sort à pleine vitesse des appuis, et on se sent vraiment pousser des ailes. Avec la « grosse » fourche de 150mm de débattement, on charge l’avant du vélo, qui encaisse, la suspension arrière s’enfonce, reste toutefois progressive, et arrive à suivre le rythme. On se lance sans trop d’arrière-pensée sur la piste de descente des hauteurs de Punta Ala et on s’en sort sans une égratignure. On a toujours l’impression d’avoir du débattement en réserve. Trois coups de pédale plus tard, les accélérations sont franches et on est de retour en haut de la bosse pour recommencer. Les capacités de cet « all-mountain » sont simplement bluffantes et on comprend sans mal qu’une version proche de celle que nous avons entre les jambes soit utilisée par les pilotes de la marque sur les compétitions d’enduro.

Partis pour le soleil et la dolce vita, on s’accorde tout de même une sortie dans la boue. La cassette craque mais le reste du vélo tient le cap. On pensait avoir une arme archi-rigoureuse avec ce Hightower mais, même en dilettante, le vélo reste fiable et fun pour un public toutefois averti (mais pas spécialiste).

La critique principale que nous formulerons concerne les roues Enve 60 qui nous ont très rapidement semblé trop hautes et trop rigides. Dans les appuis propres et quand on tient ses lignes avec rigueur, elles sont impressionnantes de dynamisme et de vitesse, mais une fois sorti de la ligne et dans les freinages hasardeux, on ressent un réel manque de grip, de confort et, finalement, de précision. Ces roues trop rigoureuses induisent finalement un comportement moins rigoureux quand on est incertain dans son pilotage.

Au moment de conclure cette prise en main sur de superbes et très variés sentiers italiens, il est difficile de ne pas admettre que nous sommes sous le charme de cette luxueuse machine. On retrouve la polyvalence extrême d’un YT Jeffsy avec un penchant encore plus marqué pour la descente, un comportement de racer sans en avoir le tempérament en permanence. Au guidon du Hightower, on retrouve tout ce qui faut pour vous donner envie de prolonger votre sortie. Les pneus Plus ouvriront la porte du Santa Cruz Hightower à ceux qui doutent de leurs capacités et le passage aux grandes roues permettra de révéler complètement le vélo. Ce qu’on apprécie dans cette double compatibilité, c’est que chacun pourra se faire sa propre version du Hightower. Il peut devenir un all-mountain pédaleur et polyvalent, où « s’enduriser » avec un plus gros amortisseur et des composants adaptés. Depuis quelques semaines,  on a pu observer les pilotes Santa Cruz aux guidons de machines proches de celle décrite plus haut et il semblerait que Santa Cruz ait pleinement confiance en ce châssis. Affaire à suivre donc…

Plus d’infos sur le site de la marque : https://www.santacruzbicycles.com/fr-FR/hightower

Découvrez le « Punta Ala Trail Center », qu’on vous conseille fortement et dont on vous reparlera prochainement : http://visitpuntaala.bike/en/home/

ParPaul Humbert