Prise en main | Le nouveau Santa Cruz Nomad 4 et ses roues Reserve

Par Paul Humbert -

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Prise en main | Le nouveau Santa Cruz Nomad 4 et ses roues Reserve

Il y a des noms qui ont su laisser leur trace dans la petite histoire du VTT. Santa Cruz a réussi à inscrire celui de son Nomad dans l’esprit de tous les amateurs d’enduro. Aujourd’hui, le Santa Cruz Nomad revient sous une toute nouvelle forme et s’éloigne de la discipline ! Au coeur des Alpes Maritimes, nous avons également pu découvrir et étrenner les toutes nouvelles roues conçues par Santa Cruz : les Reserve. Ces dernières équiperont toute la gamme ainsi que celle des vélos Juliana comme le Strega, la déclinaison optimisée pour les femmes du Nomad.

Santa Cruz Nomad 

Le Santa Cruz Nomad est complètement repensé dans cette quatrième version. Il adopte la suspension du V10 de descente et conserve ses roues de 27,5 pouces. Avec ses 170mm de débattement, il nage en eaux troubles, à la frontière entre le gros enduro et la nébuleuse qu’on appelle « freeride »…

Nous avons été surpris en découvrant cette nouvelle machine. On s’attendait à découvrir un Nomad optimisé pour la compétition d’enduro à haut niveau, équipé de roues de 29 pouces à la géométrie radicale mais orientée vers la performance. La marque californienne en a décidé autrement et c’est probablement sur une autre plateforme que la machine que nous imaginions arrivera.

Santa Cruz est parti du constat suivant : le triangle avant et la rigidité du précédent Nomad étaient aboutis, mais les américains avaient toutefois envie d’aller plus loin avec la suspension arrière. Le VPP développé sur le dernier Nomad est abandonné et on retrouve celui du vélo de descente. Le Nomad conserve toutefois un tube de selle classique (et non « coupé » comme sur le vélo de descente) et relativement droit. La courbe de suspension offre ainsi plus de linéarité dans le début de débattement et offre plus de possibilités sur les terrains cassants.

Côté géométrie, le Santa Cruz Nomad s’allonge, et cela vaut pour toutes les tailles. La marque avait pris l’habitude de proposer des vélos plutôt courts mais cette mise à jour aligne Santa Cruz sur les standards développés par ses concurrents.

Le vélo offre deux positions, haute ou basse, pour permettre d’adapter au mieux le vélo au terrain.

Le reach en taille M est de 440mm en position haute et 435mm en position basse. Le boitier de pédalier perd lui aussi 5mm (339 ou 344mm). L’angle de direction passe de 64,5 à 65 degrés avec une Rockshox Lyrik de 170mm. Au total, dans sa position la plus longue, le Nomad a un empattement de 1194mm (toujours en taille M), soit un peu plus de 2cm que l’ancienne version.

Le vélo a été conçu pour être utilisé avec tous les amortisseurs du marché et il est possible de choisir entre un amortisseur Rockshox Superdeluxe RCT Coil (ressort) ou Air. Lors de notre prise en main, nous avons eu l’occasion d’essayer les deux versions. Sur les versions les plus haut de gamme, les amortisseurs sont montés sur des roulements qui améliorent encore la sensibilité du vélo sur les petits chocs.

Le cadre est protégé sous le tube inférieur et sur les bases. Un petit garde boue est positionné juste derrière l’amortisseur. Les passages de gaines et de câbles se font en interne.

Comme souvent chez Santa Cruz, il existera deux cadres en carbone (le Nomad C ou le Nomad CC) et une version en aluminium que nous n’avons pas pu voir. Le Nomad CC offre un niveau de finition plus haut mais toutes les versions sont garanties à vie, à l’instar des nouvelles roues Reserve.

La bonne nouvelle, c’est que ce nouveau Santa Cruz Nomad sera disponible en cinq tailles, du XS au XL. Les ressorts des amortisseurs « coil » seront adaptés en fonction des différentes tailles (400, 450 et 500).

Toujours positionnée haut de gamme, la marque offre un bon nombre de déclinaisons et deux coloris. Il y aura trois modèles de Nomad C et quatre modèles de Nomad CC (finition et carbone encore plus haut de gamme). Voici les prix des montages que vous pourrez retrouver sur le site de la marque : Nomad C R : 5599 euros, Nomad C S: 5999 euros, Nomad C XE: 6499 euros, Nomad CC XO1: 7699 euros, Nomad CC XO1/Reserve: 9199 euros, Nomad CC XX1: 8999 euros, Nomad CC XX1/Reserve: 10499 euros. Cadre: 3599 euros. On annonce également un futur Nomad Alu.

Les vélos seront disponibles dès mi-juin et la marque annonce deux poids : 13,39kg pour le Nomad XX1 Reserve en taille L avec un amortisseur à air et 13,88kg pour la même version à ressort.

Juliana Strega

Juliana, c’est la soeur jumelle de notre cher Santa Cruz. Ils partagent beaucoup de chose et surtout leurs cadres. Les deux marques ne s’en cachent pas et assument le fait qu’un bon vélo « homme » soit un bon vélo « femme ». Sur ce point, nous ne pouvons qu’être d’accord avec cette approche.

Ce qui change, ce sont quelques points clés comme la selle et le poste de pilotage. Les settings d’amortisseurs seront eux aussi adaptés et « allégés ».

Le vélo sera disponible en tailles XS, S et M avec le même nombre de montages (et tarifs) que le Santa Cruz Nomad. Le Strega est tout nouveau dans la gamme Juliana et offre une alternative très intéressante pour les amatrices de gros dénivelé négatif ne souhaitant pas opter pour un vélo de descente.

Pour le reste, c’est surtout la communication autour des marques qui diffère. Ce que ce Juliana a en plus, c’est son nom, le Strega. Le modèle fait référence aux sorcières (Strega en italien) de Triora en Italie, le lieu où nous découvrons ces vélos.

Reserve

Au-delà des vélos, la surprise vient également des roues. Santa Cruz a fait confiance à Enve pendant de nombreuses années, en essuyant toutefois de nombreuses critiques, et se lance aujourd’hui dans la conception de ses propres roues : « On pensait pouvoir faire mieux. »

Nicholas Macrae, l’ingénieur en charge des roues chez Santa Cruz

Baptisées Reserve, elles sont en carbone et se déclineront en trois largeurs (et deux tailles). Santa Cruz continue de progresser dans sa gestion du carbone et après avoir conçu ses propres postes de pilotage, la marque passe le cap des roues.

Voici les premières informations dont nous disposons : les roues Reserve offrent un profil asymétrique. Les rayons sont croisés par trois et on compte 28 rayons.

Esthétiquement, on repère des renforts aux niveaux des rayons. Santa Cruz se justifie en expliquant que « les roues en carbone ont tendance à céder quand une grande force « tire » sur les rayons. En plaçant les renforcements à l’extérieur, on s’assure que les jantes sont percées exactement au centre, ce qui est un problème pour nos concurrents, ce qui nous permet d’apposer des couches de carbone exactement là où nous en avons besoin et, donc, de gagner du poids. Nous pouvons ensuite nous permettre d’ajouter des couches de carbone là où la roue en a besoin, sur les flancs et sur les angles, là où les impacts sont les plus forts ». Les rayons sont donc accessibles en externe et renforcés par des Sapim secure lock en aluminium.

Les roues de 27,5 pouces seront disponibles en deux largeurs : 27 ou 30mm. Les roues de 29 pouces, en trois : 25, 27 et 30mm. Des rayons DT Swiss compétition Race sont utilisés et couplés soit à un moyeu DT 350, soit à un moyeu Industry 9 Torch.

Les roues équiperont presque la totalité de la gamme Santa Cruz et un « upgrade » sera possible pour 1200 euros. La Reserve 30 qui équipe le Nomad sera la première disponible.

La marque annonce également garantir à vie ces nouvelles roues. Coté poids, avec valve et fond de jante, les Reserve 30 sont annoncées à 1860g (avec moyeu DT) ou 1700g (moyeu Industry 9).

Santa Cruz Nomad XX1 SE Reserve : Prise en main

Santa Cruz a voulu faire les choses bien et suivre la philosophie qui se cache derrière les noms de ses vélos. Pour le côté Nomad, nous avons grimpé au guidon du vélo pour traverser des vallées et une frontière nous menant de France en Italie. Le périple nous faisant arriver à Triora, le village des sorcières, les fameuses Strega.

Au programme, trois jours de ride intensif avec des centaines d’épingles, des sections rocailleuses naturelles, des portions à haute vitesse et pas mal de sentiers fabuleux.

Nous étions en bonne compagnie puisque côté athlètes, Cédric Gracia était là pour nous guider en Nomad et Anka Martin menait notre troupe au guidon de son Strega.

Avant d’en venir au vélo, il est nécessaire de vous dire deux mots sur les sentiers que nous avons découverts. C’est Ash Smith, l’organisateur de la Transprovence, qui nous a ouvert les portes des Alpes Maritimes et nous n’avons pas été déçus. Les tracés de la course, dont certains n’avaient jamais été roulés, rassemblent ce qui fait l’essence du VTT.

Des obstacles naturels et une variété de terrain formidable nous rappellent que le VTT est un superbe moyen de découvrir la nature !

Dans le petit village de Sospel, nous grimpons sur le fleuron de la gamme Nomad. Le Santa Cruz Nomad XX1 SE affiche un tarif indécent mais fort heureusement, les déclinaisons plus « accessibles » conservent les mêmes caractéristiques. La prise en main est un petit peu déroutante à plusieurs points de vue. Il faut d’abord s’habituer aux nouvelles tailles de ces Santa Cruz. Nous grimpons sur un L et on sent directement que le vélo ne demande qu’une chose, c’est engager. Un autre dilemme se présente ensuite : comment régler ce dernier ? À mi-chemin entre un vélo de descente et un enduro, il nous demande de l’attention.

Lancé sur les sentiers, Cédric Gracia aux fesses, on prend conscience que le changement de cinématique modifie totalement le vélo. C’est une arme en descente ! Pourtant, nous qui n’avons pas forcément l’habitude des vélos de descente, on s’y sent bien. Le cintre est très large (800mm), les pneus aussi (Maxxis Wide Trail, un très bon choix) mais nous ne sommes pas déroutés par ce qui pourrait être un « panzer ».

Le vélo reste toutefois très joueur et on le lance sans trop d’arrière-pensées dans les portions rocailleuses (et ce n’est pas ce qui manque dans la région). Le vélo prend de la vitesse et la suspension se comporte réellement comme celle d’un V10 en s’enfonçant tant que c’est nécessaire sans renvoyer le pilote sur l’avant du vélo entre deux roches.

On conserve un certain dynamisme tout au long du ride mais il faudra garder sa vitesse sur les portions plates ou à la moindre remontée car le Nomad n’est plus vraiment un enduro et le pédalage n’est pas son fort. La position droite et le blocage d’amortisseur permettent de monter tranquillement au train sur la route, mais sur les sentiers, mieux vaut éviter !

Avant d’attaquer le festival d’épingles que nous propose Ash sur ses sentiers, on tente de bien appréhender le vélo et de le « bouger ». La machine est relativement longue, mais agile, ce qui nous permettra de nous en sortir sans trop de souci ! Au freinage, on sent que l’amortisseur perd en efficacité mais on reste en sécurité en permanence. Comme sur un vélo de descente, le Santa Cruz Nomad encaisse sans broncher et on voit mal ce qui pourrait lui faire peur. Le vélo va bien plus vite que nous mais reste à notre portée quand il faut le « bouger ». Il n’en devient ainsi pas exclusif dans son comportement, à condition d’avoir un peu d’expérience en VTT pour brusquer la machine.

Ce nouveau Santa Cruz Nomad n’est pas un vélo de descente, pas un enduro, mais il sera l’outil parfait pour ceux qui aiment avaler du dénivelé négatif en montagne ou en bikepark et qui ne compte pas trop remonter à vélo. Plus polyvalent qu’un vélo de descente, il est une arme de plaisir.

Dans la pente et quand la vitesse augmente, on repère assez facilement un petit défaut du vélo. Les disques des Sram Code n’affichent que 180mm de diamètre. Quand la pente est prononcée et que votre testeur préféré s’attarde sur ses freins, la chauffe se fait sentir. L’économie d’un rotor de 200mm n’est ici vraiment pas justifiée.

Sur les sommets, le regard vers l’Italie, nous changeons d’amortisseur et basculons vers la position « basse » du cadre. Les premières sensations sont assez proches mais dans les roches, on sent que l’amortisseur à ressort continue d’encaisser sans déstabiliser la machine quand les sollicitations sont longues. C’est probablement l’option que nous retiendrons sur ce nouveau Nomad qui penche très fortement du côté où ça descend. Le petit blocage d’amortisseur est assez similaire à la version à Air qui n’en devient pas une mauvaise solution pour autant.

En position basse, le vélo s’ouvre encore davantage. Il perd un peu de vivacité sur le plat mais en descente, il n’y a pas mieux. Nous avions peur de toucher le sol avec les manivelles mais il n’en n’a rien été.

Nous étions effrayés par les caractéristiques « full carbone » du vélo mais les suspensions et les pneus de la machine offrent un super grip. Le squelette du Santa Cruz Nomad apporte ce qu’il faut de légèreté et de rigidité pour arriver à un compromis qui nous a semblé très réussi lors de cette prise en main.

Quand tout est nouveau, il est difficile d’identifier exactement les caractéristiques de chaque composant, mais les roues ont su se faire remarquer… en ne se faisant pas remarquer ! Quand les Enve étaient souvent trop rigides, inconfortables et parfois fragiles, ici, tout s’est déroulé pour le mieux. Nous retrouvons la précision que nous recherchions et nous n’avons pas été marqués par un inconfort ou un manque de grip. Il faudra pousser les investigations plus loin mais les premières sensations sont bonnes !

Ce nouveau Santa Cruz Nomad, et sa déclinaison Juliana, nous ont amenés de Sospel à Triora en passant par les plus beaux sentiers, et aussi les plus exigeants, de la région. Ce Nomad est un nouvel hybride qui conviendra à ceux qui veulent se faire plaisir en descente sans s’encombrer d’un vélo de course. En montagne, il sera l’arme parfaite pour vos grosses rando qui ne nécessiteront pas de vraiment pédaler. On vous garantit qu’il vous faudra un moment avant d’entrevoir la limite de cette machine mais nous tenterons de le faire pour vous lors d’un test plus approfondi !

Plus d’infos sur le site de la marque : www.santacruzbicycles.com

Photos : Sven Martin & Gary Perkin / Santa Cruz

ParPaul Humbert