Premier essai | L’Orbea Rallon R5 Carbone au coeur des Pyrénées

Par Olivier Béart -

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Premier essai | L’Orbea Rallon R5 Carbone au coeur des Pyrénées

Pour présenter son nouvel Orbea Rallon R5 en carbone, la marque espagnole a choisi le magnifique village de Benasque pour nous inviter à le tester dans les meilleures conditions possibles. Au coeur des Pyrénées, dans une vallée oubliée à deux pas de la frontière française, des traces enduro somptueuses sillonnent les montagnes. Pendant deux grosses journées, nous les avons arpentées pour voir ce que le petit nouveau a dans le ventre. Et nous avons été époustouflés tant par ses performances et son tempérament que par la facilité éprouvée à son guidon. Oubliez tous vos préjugés sur le 29 pouces et prenons de l’altitude sur les singletracks de montagne !

Autant sur des vélos de XC, de bons all-mountains ou des enduros classiques je sais y faire, autant face à de gros enduros, je ressens une certaine appréhension mêlée d’humilité. C’est le cas face au nouvel Orbea Rallon R5 carbone que j’ai là devant moi. L’exemplaire qui m’est dédié est orange brillant et noir. Il s’agit du modèle Team. Pour la présentation complète du modèle et de tous les détails techniques, rendez-vous dans cet article, histoire de pouvoir se concentrer ici sur les spécificités de notre exemplaire de test et surtout sur les sensations éprouvées à son guidon.

Côté taille, après réflexion et discussion avec le staff Orbea, j’ai opté pour la taille L. La marque n’est pas partie sur un reach démesuré (430mm en S/M et 455mm en L) mais sachant que j’aime les vélos longs avec potence très courte (32mm en l’occurence) et qu’on m’assure que le nouveau Rallon carbone a une maniabilité naturelle qui permet de surtailler sans se retrouver au guidon d’une péniche, je leur fais confiance et je roulerai sur l’option la plus grande qui s’offre à moi pour mes 178cm.

Il est équipé avec une Fox 36 Evol, des roues DT Swiss EX1501 à jantes de 30mm de large chaussées de pneus Maxxis Agressor en 2.30 derrière et Minion DHF en 2.50 et carcasse Wide Trail adaptée aux jantes larges devant), d’un groupe Sram XO1 Eagle, de freins Sram Guide RSC et de périphériques Race Face avec notamment un cintre quasi plat de 780mm de large et 35mm de diamètre, couplé à une potence de 32mm de long.

L’amortisseur arrière mérite qu’on s’y attarde, puisque l’Orbea Rallon R5 carbone est prévu pour être monté avec trois amortisseurs Fox : le nouveau DPX2 quand on privilégie la légèreté, le X2 Air pour avoir plus de possibilités de réglages et/ou qu’on habite dans des régions plus vallonnées, ainsi que le DHX2 Coil quand on aime le feeling du ressort acier. Pour notre part, nous l’avons testé avec les deux dernières options, en commençant par le X2 Air. Orbea insiste sur le fait que les réglages de chaque amortisseur ont été optimisés avec Fox afin que le caractère du Rallon reste intact et qu’un changement à ce niveau ne chamboule pas complètement le caractère de la machine même si la différence doit rester perceptible. Maintenant, voyons ce qu’il en est sur le terrain !

Orbea Rallon R5 Team carbone : premier essai

Orbea 2018 Rallon launch, Benasque, Spain. June 2017. Pilot : O. Beart – Vojomag.com – Photo by Matt Wragg

Quand je m’installe aux commandes de la bête, mes craintes sont vite dissipées. C’est un peu comme si on vous disait que vous alliez grimper sur le dos d’un tigre… et que finalement vous découvrez qu’il a le caractère d’un bon gros matou tout doux. Mais tout de même, quand on le taquine un peu, on sent qu’un tempérament de bête sauvage sommeille toujours en lui.

Le premier point qu’on peut tester en rejoignant le départ de la première spéciale de la journée, c’est le rendement et les capacités au pédalage de ce nouveau Rallon. Très clairement, il garde un tempérament proche de l’ancien qui, pour la catégorie, était déjà un des meilleurs grimpeurs ; un vélo avec lequel on peut envisager de longues sorties à la pédale et qui ne donne pas l’impression de se trainer péniblement d’une descente à l’autre. Redresser fort le tube de selle (76°) comme l’a fait Orbea n’est pas une première (Rocky Mountain le fait depuis longtemps et le Specialized Enduro 29 de dernière génération également) mais cela reste rare alors qu’on vérifie ici que c’est une excellente solution pour placer le pilote dans les meilleures dispositions possibles pour grimper.

Avec l’amortisseur à air, je ne ressens absolument pas le besoin d’utiliser la mollette de blocage du X2 car le pompage est très réduit. Monté en ressort, il y a bien un mini pompage sur le premier centimètre de course, mais rien de plus et le vélo garde presque toutes ses facultés. Seule différence, ici, on utilise plus volontiers le blocage.

On constate vite que c’est aussi un franchisseur hors pair, même avec l’amortisseur placé dans la position « Lower » qui met le boîtier de pédalier à seulement 336mm du sol. Mais il est temps maintenant de l’emmener là où il doit performer : de vraies spéciales d’enduro et des descentes marathon !

Orbea 2018 Rallon launch, Benasque, Spain. June 2017. Pilot : O. Beart VojoMag.com – Photo by Matt Wragg

Prise de confiance

Lors de cette première journée, nous avons emmené l’Orbea Rallon R5 carbone sur des pistes particulièrement chaotiques avec des roches rouges abrasives et cassantes. Pas question de se louper car on sent qu’on risque de fameusement rayer la carrosserie. Pourtant, immédiatement, le Rallon me met en confiance. Je commence en y allant mollo, avec toujours dans un petit coin de ma tête l’idée que la roue risque de rester coincée entre deux de ces milliers de rochers ou qu’elle va buter contre une arrête. Mais en fait non.

C’est là, à mes yeux, le principal apport des roues de 29 pouces : ça roule ! Quelles que soient les circonstances (ou presque), elles surmontent les obstacles, elles roulent et enroulent, pour le plus grand bonheur du pilote qui se surprend à passer des obstacles que les yeux et le cerveau perçoivent d’abord comme impossibles à franchir. Le 27,5 reste plus « viril » à piloter et certains aiment ce feeling, mais pour ma part je trouve l’équilibre atteint par le Rallon vraiment intéressant. On garde les sensations, mais avec les frayeurs en moins. Le déport de fourche réduit à 44mm et l’augmentation de la chasse qui en découle n’est sans doute pas étranger à ce phénomène. En théorie cela devrait impacter négativement la maniabilité, mais dans les faits, il n’en est rien sur ce Rallon R5.

Orbea 2018 Rallon launch, Benasque, Spain. June 2017. Pilot : O.Beart VojoMag.com – Photo by Matt Wragg

Une fois qu’on a le déclic, on lâche les freins et on commence à jouer avec le corps sur la machine, à chercher les limites. Et là, les vitesses de passage augmentent, augmentent, augmentent… à tel point qu’il faut revoir bon nombre de ses repères. Mais dieu que c’est gai ! La sensation de vitesse est grisante et on se rend compte que les limites du vélo sont loin, très loin !

Quand j’ai l’impression d’avoir exagéré et que je vais me sortir, je me rends à chaque fois compte que le vélo pardonne beaucoup

Malgré tout, je ne me sens jamais vraiment en danger. Quand j’ai l’impression d’exagérer, que je vais me sortir, je me rends à chaque fois compte que je parviens à sauver les meubles et que le vélo pardonne beaucoup. Le grip des pneus, et spécialement du Maxxis DHF en 2.5, est impressionnant tant en latéral qu’au freinage. Au point d’ailleurs que les Sram Guide RSC semblent un peu à la peine et qu’on apprécierait bien volontiers des Code sur ce relief très prononcé.

La comparaison avec le Specialized Enduro 29 de dernière génération vient immédiatement à l’esprit. Les deux vélos ont quelques traits visuels communs, mais leur caractère diffère. Malgré des chiffres encore plus engagés quand on regarde le tableau des géométries (-0,5 à 1° d’angle pour la fourche, 5mm de reach en plus,…) l’Orbea me semble infiniment plus facile que le Specialized dont j’avais trouvé qu’il fallait un fameux niveau pour réussir à en exploiter le potentiel. Je n’ai pas roulé tous les gros enduros 29 du marché mais le Rallon me semble clairement être un des gros vélos les plus faciles que j’ai piloté.

Orbea 2018 Rallon launch, Benasque, Spain. June 2017. Pilot : Simon André, Orbea – Photo by Matt Wragg

On ne peut pas isoler un élément précis dans les données de la fiche technique pour expliquer ce trait de caractère mais le cocktail réussi par Orbea avec le Rallon est d’une incroyable finesse. Ce n’est pas un vélo de débutant mais il n’a rien d’exclusif et il parvient à faire un grand écart impressionnant en arrivant à éblouir tant notre confrère de MountainBiking UK, au profil de pur descendeur anglais, que votre serviteur et son background de crosseur. Des souvenirs du test du Yeti SB5.5c me reviennent aussi en tête. Apparu il y a un peu plus d’un an, il avait ouvert la voie des 29 » à gros débattement, même s’il tire plus sur le gros AM que le vrai enduro. Réflexion faite, je trouve là aussi l’Orbea meilleur au pédalage mais également plus joueur et facile à appréhender, malgré des capacités très similaires en suspensions et au niveau franchissement.

Orbea 2018 Rallon launch, Benasque, Spain. June 2017. Pilot : O.Beart, VojoMag.com – Photo by Matt Wragg

Cette première journée de test a également permis de mettre en avant une autre caractéristique du Rallon R5, c’est l’excellent travail de ses suspensions. Nous avons trouvé très rapidement nos réglages sur la fourche, avec un petit 65psi pour 75kg tout équipé, et 30% de SAG dans l’amortisseur.

La Fox F36 fonctionne à merveille mais on peut regretter que pour un poids plume, elle se roule « toute ouverte » ou presque (compression hautes et basses vitesses) car le setting de base apporte déjà un maintien hydraulique très prononcé. Elle peut d’ailleurs paraître un peu raide à faible vitesse sur le plat. Mais quand le rythme s’accélère ou qu’il y a de la pente, elle est redoutable. L’arrière a aussi énormément de maintien et on ne ressent jamais de manque malgré « seulement » 150mm de débattement. Il est un peu plus flatteur sur les petits chocs, ne donne jamais l’impression de s’effondrer et il digère les successions d’impacts avec maestria.

La mort des clichés sur le 29 pouces

Le lendemain, notre journée commence par une longue marche à pied. 1h30 pour arriver à 1600m d’altitude dans un ancien passage de contrebandiers. Nous avons de la chance, des mules transportent les vélos pour nous. Avant, elles portaient des cargaisons de cigarettes et d’alcool pour le marché noir. Aujourd’hui, avec la fin des frontières, ce sont des vélos. Les temps changent.

Près du sommet, nous devons encore porter le vélo sur quelques dizaines de mètres. L’occasion de voir que l’Orbea Rallon R5 carbone est particulièrement léger, avec à peine plus de 13kg pédales comprises. Et avec l’amortisseur à ressort. Car oui, je ne vous l’ai pas dit mais j’ai laissé l’amortisseur à air au vestiaire pour tenter l’option plus « fat ». Je vais vite me rendre compte que c’est un très bon choix quand il s’agit de manger du dénivelé : nous avons 3800m de négatif au programme aujourd’hui !

Arrivé au terme de notre ascension, nous nous faufilons à travers une étroite crevasse qui fend la montagne. De l’autre côté, c’est la France, à hauteur de Bagnère de Luchon. La vue est à couper le souffle… comme l’étroit sentier qui nous attend. De la pente raide, de gros rochers et surtout des dizaines de virages en épingles hyper serrés : il y a tout pour mettre en difficulté un gros enduro 29 » comme l’Orbea Rallon R5. Et pourtant.

Je ne suis pas en train de vous dire que le 26 ou le 27,5 c’est nul et que vous êtes has been avec vos petites roues, mais si vous avez en tête des clichés sur le 29 » du genre « ça ne tourne pas », « c’est pour les terrains roulants », « c’est pas fun », « c’est juste pour aller vite » : c’est le moment de les jeter aux oubliettes ! Mis en confiance par mes péripéties de la veille, je m’engage sur cette trace périlleuse sans trop d’appréhension. Comme si je savais que je n’y allais pas seul mais avec un ami bienveillant qui est là pour me rattraper en cas de bévue (qui pourrait d’ailleurs avoir de grosses conséquences vu le vide à côté).

Serais-je devenu un pilote ?
En tout cas j’en ai l’illusion.

Les virages s’enchaînent et le vélo tourne hyper court. Je fais ce que je veux avec lui et je profite même de l’énorme grip de la roue avant pour tenter… et réussir quelques nose-turns. Le chemin reste étroit mais l’horizon s’ouvre un peu et on prend plus de vitesse. Il faut suivre au millimètre le fil jaune qui serpente au milieu de l’herbe. C’est facile, la direction est hyper précise. Ici aussi, je me sens en sécurité, juste bien, décontracté, et du coup je prend un pied incroyable ! Je verrai plus tard sur le GPS qu’en plus j’allais vachement vite à cet endroit. De temps en temps, un gros caillou surgit. Bunny-up. Un autre ? Hop, on laisse les suspensions travailler en se contentant d’accompagner le mouvement avec le corps. Serais-je devenu un pilote ? En tout cas j’en ai l’illusion.

Après s’être enfilé quasiment 1700m de négatif d’une traite, on enchaîne avec un sentier en corniche d’apparence plus paisible car relativement plat, mais qui réserve tout de même quelques beaux défis trialisants. Je n’arrive pas à tous les passer mais le vélo m’aide bien et l’amortisseur à ressort ne bouffe pas toute l’énergie quand il faut donner des impulsions.

Pour la première fois avec un aussi gros vélo, je me surprends à l’imaginer sur mes trails favoris en Belgique, où il y a de la pente mais pendant bien moins longtemps et où un bon petit 140/150 all-mountain type Jeffsy, Stumpjumper ou Occam TR bodybuildé est souvent plus à l’aise. Encore une fois, le Rallon réussit un grand écart assez unique en donnant l’impression d’être aussi à l’aise en haute montagne que sur des reliefs moins escarpés.

Vous êtes fatigués… (air connu)

La journée touche à sa fin et nous terminons notre périple dans les paysages lunaires de la Sierra Negra.

Doug, notre guide, nous fait un rapide briefing avant d’entamer l’ultime descente. « Au sol, les pierres sont de véritables lames de rasoir. Ce n’est pas le moment de tomber… et faites gaffe aux crevaisons ! » 

Tiens, c’est vrai, nous n’avons pas encore crevé ! On dirait que les pneus 29 sont aujourd’hui bien au point de ce côté, surtout chez Maxxis, et la carcasse Wide Trail fait des merveilles en évitant à la fois au profil d’être trop carré et aux flancs d’être trop exposés en cas de montage sur une jante de 30mm ou plus.

Malgré les mises en garde, on ne résiste pas au plaisir de jouer sur ce relief si particulier. Notre confrère ED (vous savez, l’Anglais dont on vous a déjà parlé) ne résiste pas au plaisir de s’envoyer en l’air. Ailleurs, sur des appels un peu moins hauts et avec des réceptions moins hasardeuses, on l’imite et une fois encore, le Rallon se montre extrêmement sain tout en gardant cette petite dose de piment qui fait qu’on s’éclate à son guidon.

Je sens que je suis un peu fatigué après déjà plus de 6h en pleine montagne, mais je ne suis pas non plus complètement rincé. Bien sûr, j’ai encore des restes de mon entraînement pour le Cape Epic et je suis habitué aux longues journées, mais davantage en marathon tout court qu’en DH marathon. C’est là qu’on se dit que le travail de dosage de la rigidité mené par Orbea porte ses fruits. Je puise dans mes souvenirs de cette journée et je me dis que jamais je n’ai senti le vélo trembler ou vibrer. Le toucher du sentier a toujours été doux et au fil des heures, la tolérance du vélo, ça joue sur la fraîcheur. Si vous pensez qu’un cadre carbone est nécessairement raide et à réserver pour la course, c’est encore un cliché que le Rallon dément avec force.

J’avais presque oublié que je roulais avec un amortisseur à ressort tant la différence avec le X2 à air est subtile. C’est d’ailleurs une bonne chose à mes yeux et les ingénieurs ont réussi leur pari : le Rallon reste le Rallon quel que soit l’amortisseur. Mais par contre je sens que, là où la veille j’avais tendance à tétaniser au niveau des cuisses en fin de descente, je n’ai pas du tout cette sensation ici alors que la journée a été bien plus longue. Après analyse, je pense que le DHX2 n’est pas étranger à cette sensation. Il offre aussi un poil plus d’onctuosité et, à ma grande surprise, c’est avec lui que j’ai préféré le Rallon.

La journée touche à sa fin. Là tout en bas, Benasque nous attend. Il nous reste une dernière spéciale en sous bois avec des passages bien raides à enfiler. Je rigole tout seul en enchaînant les virages, je saute, j’avale les rochers : le Rallon est devenu mon vélo. Et j’ai l’impression de connaître ce sentier que je roule pourtant pour la première fois. C’est jouissif. Mais hélas c’est fini.

Verdict

J’ai la chance de tester beaucoup de vélos. De rouler régulièrement dans des endroits merveilleux. C’est très rare aujourd’hui d’avoir de mauvaises machines entre les mains, et beaucoup se tiennent. Certaines me plaisent plus que d’autres et j’ai régulièrement un petit coup de coeur. Mais ici c’est carrément un énorme et j’ai trouvé ce nouvel Orbea Rallon R5 carbone tout simplement éblouissant. C’est en tout cas la première fois qu’un gros enduro me fait autant d’effet et que je me dis « oui, il est peut-être fait pour moi ». Je n’ai pas testé tous les enduros race du marché (il me manque notamment le Trek Slash et quelques autres) mais je pense pouvoir dire sans trop de risque de me tromper que ce Rallon n’est pas juste un bon enduro mais carrément un des benchmarks actuels du segment. A en juger par les réactions de mes confrères lors de cette présentation, il semble que je ne sois pas le seul de cet avis. Je vous souhaite de pouvoir le tester vous aussi pour vous faire votre propre avis et pour vous rendre compte de l’évolution marquante des vélos de cette catégorie ces derniers temps. Pour ma part, je prends congé de vous… et je file voir l’état de mon compte en banque car je verrais bien ce Rallon dans mon garage.

Liens utiles : le site Orbea – Notre présentation complète du nouvel Orbea Rallon R5 carbone – notre test des nouvelles suspensions Fox avec la fourche F36 Evol et de l’amortisseur DPX2

 

ParOlivier Béart