Matos | Le meilleur du pire du Cape Epic 2017

Par Olivier Béart -

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Matos | Le meilleur du pire du Cape Epic 2017

Avec près de 700 équipes, soit 1400 riders venus du monde entier, le Cape Epic est l’occasion de voir pas mal de belles… et de moins belles montures. Des pures bêtes de course aux machines les plus extravagantes, nous vous avons préparé une petite sélection des vélos qui ont retenu notre attention lors de l’édition 2017, ainsi qu’une petite revue des tendances.

Un indicateur de tendances

92% ont déclaré rouler sur un tout suspendu (et on comprend pourquoi quand on a roulé sur place), 99% étaient en tubeless (là aussi, cela semble une évidence) et 93% étaient en 29″ ! De ce que nous avons pu observer dans les parcs fermés, ces tendances lourdes se confirment en 2017. Sur d’autres points, on peut constater des évolutions : 22% déclaraient utiliser une tige de selle télescopique et cela nous semble avoir légèrement évolué, mais par contre la répartition 49% pour le mono-plateau et 48% pour le double qui ressortait du sondage 2016 a, selon nos observations, complètement basculé avec l’apparition du fameux Sram Eagle 1×12 qui fait une razzia dans les paddocks. A vue de nez, on pencherait pour du 70% en mono et 30% à peine en double sur cette édition !

Les pneus sont sans aucun doute un des éléments qui souffrent le plus sur le vélo lors du Cape Epic. Et pas question de lésiner sur la solidité car des crevaisons à répétition peuvent carrément ruiner votre course. Bien sûr, il y a aussi des questions de disponibilité et de distribution qui entrent en ligne de compte mais les marques les plus populaires sont sans aucun doute Maxxis (Ikon, Aspen et Ardent Race avec carcasse renforcée EXO) et Vittoria (ex-Geax, avec les Mezcal, Saguaro et Barzo). Ces derniers ont d’ailleurs été notre choix sur ce Cape Epic 2017 et nous ne l’avons pas regretté.

Mitas (ex-Rubena) profite aussi bien de son statut de sponsor officiel du Cape Epic et de sa visibilité sur place pour occuper une place de choix sur de nombreux vélos. Leurs pneus, pourtant assez légers, offrent une carcasse renforcée Textra visiblement assez efficace d’après les échos que nous avons eus. Specialized, la marque de vélos la plus représentée sur le Cape Epic depuis de nombreuses années, séduit aussi pas mal de riders, surtout avec ses nouveaux pneus à gomme Gripton et carcasse Grid (nous vous en reparlerons). Très peu de traces des marques françaises Michelin et Hutchinson (principalement pour des raisons de distribution) mais aussi et surtout des géants allemands Continental et Schwalbe « beaucoup trop sujets aux crevaisons » nous dit-on ici…

Du côté des pros

Intéressons-nous maintenant aux vélos les plus en vue de la course ; ceux qui ont gagné des étapes et le général. Nous avons déjà eu l’occasion de vous détailler le montage du vélo des vainqueurs du Cape Epic 2017, Nino Schurter et Matthias Stirnemann, dans cet article. Globalement, on constate que les meilleurs pilotes de XC roulent avec des vélos très proches de ceux utilisés en Coupe du Monde. Seuls les pneus et la présence de matériel de secours et d’outils sur le vélo diffèrent. Par exemple, le team Scott-Sram utilise des pneus Maxxis à carcasse 170tpi hyper souple (et non vendue dans le commerce) en World Cup et 120tpi un poil plus lourds mais plus solides sur le Cape Epic.

Chez Specialized, le revenant Christof Sauser et le vice-champion olympique Jaroslav Kulhavy roulaient tous deux sur leur fidèle compagnon, le Specialized Epic. Une fois encore, ils ont fait réaliser une peinture spéciale pour la course et surtout en vue de vendre leurs montures uniques aux enchères afin de récolter des fonds pour Songo, la fondation aux couleurs de laquelle ils roulent.

Leur vélo est globalement fort proche de la série, que ce soit au niveau du cadre (hors peinture) ou même des roues qui sont toujours les « anciennes » Roval Control SL et pas encore les nouvelles, plus larges, présentées il y a peu. Du côté des pneus, Sauser a fait le choix des nouveaux Renegade, alors que Kulhavy a opté pour les Fast Track. Les fourches sont des RockShox SID avec cartouche Brain à blocage automatique, qui remplace la RS-1 utilisée jusqu’ici.

Côté transmission, tous les deux ont opté pour le fameux Sram Eagle avec sa cassette 10/50, mais le choix des plateaux diffère : la puissance de Kulhavy lui permet de pousser un 38 dents monté sur un pédalier XX1 avec capteur de puissance Quarq, alors que Sauser est adepte des plateaux Rotor en 36 dents et du pédalier REX de la marque espagnole.

Surprise : les pilotes Specialized roulent désormais en freins Magura MT8 dans leur exécution RaceLine bien voyante. Pas sûr toutefois que Kulhavy les conservera pour les Coupes du Monde, où il devrait revenir sur des freins Sram.

Comme tous les pilotes, même les plus rapides, le confort a fait l’objet d’attentions particulières avec des grips silicone épais et une selle Specialized Power (qui a également retenu notre choix et notre fessier nous en a remercié).

Les détails sont aussi soignés avec pas mal de petits accessoires de la marque italienne Carbon Ti (visserie, capot de potence, blocages de roues,…) ainsi que des roulements CeramicSpeed sur le jeu de direction (pour une fluidité maximale), le boîtier de pédalier et les galets de dérailleur (pour sauver quelques Watts).

Sur la 3e marche du podium, Nicola Rohrbach roulait non pas sur un Centurion comme son coéquipier Daniel Geysmayr, mais sur un Felt doté d’une déco serpent… particulière. Oh, et puis mort à la langue de bois, on ne sait pas ce que vous en pensez mais nous on trouve cela absolument immonde ! Au point qu’on a vite pris la fuite sans trop s’attarder sur les choix de composants, finalement assez traditionnels (Sram Eagle, roues DT XMC 1200,…). Le team n’appréciait pas non plus qu’on prenne des photos des vélos. Drôle d’attitude quand on les dote d’une telle peinture et qu’on prend part à l’une des courses de VTT les plus médiatisées au Monde.

Le Colombien Leonardo Paez (4e en équipe avec Max Knox), roulait quant à lui avec un full suspendu FRM Anakin particulièrement léger : 9,2kg. On voit ici le modèle roulé par Mirko Pirazzoli, un des coureurs Elite les plus âgés du plateau et qui n’est autre que le propriétaire de la marque italienne spécialisée dans les composants ultra light.

Il s’agit d’une version spéciale recouverte de fibres spéciales, comparables au Kevlar mais plus légères et tout aussi résistantes aux impacts. Ce cadre, annoncé à 1,6kg avec amortisseur, roule depuis plus d’un an, sans peinture, et nous avons pu constater qu’il est encore comme neuf. Bon, après, il faut apprécier la couleur. Il est aussi équipé d’une intéressante tige de selle télescopique JBG2 DPS, originaire de Pologne.

Entièrement en carbone, elle ne pèse que 220g (hors remote). Elle est activée par une commande à câble qui se « branche » sur l’avant de la tige de selle et le système interne est entièrement mécanique. Le débattement est de 5cm et Pirazzoli nous dit aussi rouler depuis plus d’un an en sa compagnie sans le moindre souci. Le site Web de la marque n’est pas très fourni mais nous allons essayer de la tester !

Enfin, nous avons aussi examiné le Cannondale Scalpel de Manuel Fumic et Enrique Avancini, leaders en début de semaine et 5e du général final. Globalement il reste très proche de celui utilisé sur la seconde moitié de la saison 2016 et que nous vous avons présenté ici.

Quelques détails ont tout de même attiré notre attention, à commencer par les nouvelles jantes Enve prototype, destinées à remplacer les M50 en XC. Plus basses et plus larges (on parle de 25mm), elles devraient permettre de corriger les critiques émises à l’encontre du premier modèle que beaucoup, dont nous, jugeaient particulièrement raide.

Comme il n’y a pas de petit profit, les coureurs du team Cannondale se passent du bouchon de potence (un simple cache plastique sans utilité mécanique vu la présence d’une fourche Lefty). Cela facilite aussi le travail des mécanos qui démontent la fourche tous les deux jours. Nous avons aussi demandé au mécano de nous ouvrir les sacoches de selle. On y trouve une chambre à air, des démonte-pneus, une cartouche CO2 de 25g avec gonfleur, quelques tours de DuckTape, un multi-outil, une patte de dérailleur, ainsi qu’un petit sac avec quelques vis et un maillon rapide. De quoi faire face à toute éventualité.

Enfin, THE accessoire qu’on retrouve quasiment sur tous les vélos des pros et sur un grand nombre de montures d’amateurs, c’est le fameux Sahmurai Sword, ce système de mèches de réparation des pneus tubeless qui se place aux extrémités du cintre.

Bizarre, vous avez dit bizarre…

Avant de se quitter, on ne résiste pas au plaisir de vous montrer deux « bizarreries » croisées dans le parc fermé. Tel un zombie sorti de la nuit, ce Proflex doit faire se retourner ses glorieux ancêtres dans leur tombe ! Avec une fourche Lauf, déjà limite pour faire du vrai vtt sur un semi-rigide, on la trouve carrément incongrue sur un full.

Enfin, la palme revient à ce cadre « Adrenalin », en fait un générique asiatique imitant plus ou moins l’ancien Spark, que son propriétaire a complètement décapé et poncé… ce qui donne un aspect assez monstrueux à la biellette. Mais le meilleur, ce sont les trous pratiqués par ce génie de la mécanique de chaque côté de la douille de direction ! Après, ce cadre a tenu la distance sur le Cape Epic et nous avons quelques fois roulé avec son propriétaire qui n’est pas tendre avec son matériel. Comme quoi…

Retrouvez tous nos articles sur le Cape Epic ici : www.vojomag.com/?s=cape+epic

 

ParOlivier Béart