Marathon : Transalp, l’ivresse des sommets

Par Julien Delaet -

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Marathon : Transalp, l’ivresse des sommets

Le Transalp fait partie de ces courses de légende qui, lorsqu’on prononce leur nom, donnent directement des frissons. Il est vrai que le principe de traverser les Alpes du nord au sud apparaît comme un véritable challenge de guerrier, tant la distance ainsi que le dénivelé sont conséquents ! Vojo était encore de la partie cette année avec un équipage 100% belge, composé de Julien Delaet (moi-même) et Martin Dupuis. En 2015 j’ai eu la chance de rouler la version « Est » en compagnie de Fred Ischard, mais cette année étant paire, je tenais absolument à tester la route « Ouest » qui faisait entre autres un beau crochet par la Suisse ! Je laisse maintenant la parole à mon ami et co-équipier Martin Dupuis qui va vous retracer sa première expérience sur la mythique course Transalpine.

1Même si on m’a annoncé que cette course est une référence en Europe parmi les grosses organisations, nous avons un peu de mal à trouver notre chemin dans le village de Imst, qui accueille cette année le 19ème départ de cette mythique traversée des Alpes. Il faut dire que les différents postes sont un peu éparpillés aux quatre coins du village… Malgré tout, nous arrivons à récupérer notre pack d’inscription, à trouver le camp (logement commun) où nous passerons la nuit et le parking où laisser la voiture pour la semaine à suivre.

1ére étape : Imst – Nauders 88 km 2960m D+

4Après une bonne nuit, nous voilà sur la ligne de départ ! Quelle ambiance ! Il y a presque 500 équipages, classés, pour cette fois, par ordre de dossard. Plus de quarante nationalités sont représentées ! Le speaker nous briefe sur la première étape, surtout en allemand et en italien (les nationalités les mieux représentées) et un peu en anglais. A 9h, le coup de pistolet libère un énorme peloton dans les petites rues de Imst. Les premiers kilomètres sont neutralisés et tant mieux car le profil descendant et la nervosité obligent tout le monde à rester sur ses gardes…

3Après 5 km, nous attaquons la première longue ascension qui est très roulante. Grâce à une météo généreuse, nous commençons déjà à nous en mettre plein les yeux en découvrant les paysages alpins autrichiens !

2Une longue descente assez rapide sur piste gravillonneuse nous emmène au 1er ravitaillement, situé en fond de vallée. Celui-ci est généreusement garni mais contient plus de fruits que d’aliments consistants ou énergétiques… Heureusement, les bénévoles chargés des boissons (eau et boisson isotonique) sont très efficaces avec leurs arrosoirs !

9Nous longeons ensuite une rivière en fond de vallée via un sentier enfin un peu technique qui nous oblige à franchir quelques épingles et petits murs à pied. Nous attaquons ensuite la deuxième montée qui est plus raide mais toujours sur piste roulante. Nous atteignons à nouveau l’altitude approximative de 1600m. Cette ascension est aussi l’occasion de se mesurer, pour ceux qui le désirent, au Vertical Ride, sorte de contre-la-montre en côte chronométré avec maillot distinctif à la clé ! De notre côté, nous sommes plutôt dans la gestion !

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Après le passage au sommet, nous nous engageons dans la descente qui comporte la section Enduro Challenge, qui est l’inverse du Vertical Ride, c’est-à-dire qu’elle récompense le meilleur descendeur.
Pour atteindre le deuxième et dernier ravito, situé au 78ème kilomètre, nous roulons sur des magnifiques pistes cyclables en fond de vallée. Du roulant donc, mais les vues sont magnifiques ! Vu le nombre de ravito, il vaut mieux rouler avec deux bidons ou un Camelbag car, en cas de défaillance, l’addition peut se payer très cher, surtout sur une longue course comme celle-ci.

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Dans la dernière montée, nous relâchons un peu le rythme, histoire de garder des forces pour les autres jours. Sur cette fin d’étape, nous passons à l’endroit où les frontières autrichienne, suisse et italienne se jouxtent, juste avant d’entamer la dernière dégringolade à travers les pâturages vers le village de Nauders. Si cette première journée n’a pas brillé par sa technicité, elle nous a permis de se mettre gentiment dans le bain et de déjà profiter des belles montagnes alpines !

2éme étape : Nauders – Scuol 56 km 2100m D+

19Aujourd’hui, pas de neutralisation, l’étape commence directement par une longue côte où nous retrouvons au sommet le grand restaurant d’altitude dans lequel nous avons eu la chance de manger la veille au soir ! Sur piste, cette première ascension de 10km s’effectue en petit groupe. En haut, à 2200m, nous profitons du premier ravito pour faire le plein des bidons car le soleil nous accompagne encore et la chaleur se fait déjà sentir.

14Après quelques kilomètres de descentes, nous passons la frontière italienne, ici matérialisée par des gros plots en béton surmontés d’une pointe métallique… pas très accueillant tout cela !

15En contrebas, nous profitons d’une superbe vue sur le lac de Resia. Après une bonne remontée, nous terminons cette descente sur l’Enduro Challenge qui est, aujourd’hui, vraiment digne de son nom et qui pour le coup mettra beaucoup de bikers en difficulté, voire au sol !

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Ensuite, nous longeons ce fameux lac aperçu précédemment avant d’attaquer une belle côte sur le versant d’en face. Peu avant de redescendre, nous passons par le deuxième ravito, avant de prendre beaucoup de plaisir sur les sections techniques en sous-bois et qui nous emmèneront jusqu’au fond de la vallée.

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Les 14 derniers kilomètres se boucleront à allure très rapide, en groupe, en longeant une grosse rivière jusqu’au village de Scuol où la ligne d’arrivée se trouve au bout d’un magnifique vieux pont en bois ! Frissons garantis !

3éme étape : Scuol – Livigno 72 km 2600m D+

30Cette étape est annoncée comme la plus belle par le speaker. Autre particularité, le dénivelé positif est largement supérieur au négatif et quatre cols sont au menu, donc voilà qui s’annonce sérieux. Nous grimpons pendant une vingtaine de kilomètres dans les bois, puis au fond d’une petite vallée bien encaissée. On a un peu l’impression de rouler dans une carrière.

28Petit à petit, nous rejoignons les alpages et nous devons même nous faufiler entre les vaches ! Du 20ème au 35ème kilomètre, les difficultés s’enchaînent, toujours sur un plateau d’alpage et on croise pas mal de randonneurs et de petites buvette bien sympas !

25 Dans la descente du Passo del Gallo, nous retrouvons des chemins à flanc de montagne comme on en rencontre beaucoup sur le raid des Chemins du Soleil. Quelques épingles bien raides au dessus d’un lac bleu glacé, puis quelques beau singles et nous voilà au deuxième ravito. Mes jambes sont enfin revenues, ce qui nous permet d’effectuer une belle remontée sur le dernier col.

22Passé celui-ci, une descente mémorable, bien fun et dans laquelle nous remontons pas mal de groupe nous amène près du lac de Livigno. La vue est tout simplement à couper le souffle ! Pour le final, les organisateurs nous ont réservé encore quelques pistes bien raides, histoire de nous faire passer une bonne nuit. Promesse tenue en tout cas ! Grand merci !

4éme étape : Livigno – Bormio 72 km 2600m D+

32Ce matin, nous devrons faire très attention car le début d’étape est neutralisé pendant presque 7 km. Ca frotte pas mal, les gens essaient de remonter de partout, c’est plutôt stressant ! Enfin, on attaque la première grimpette du jour. Roulante mais pas épargnante pour nos pauvres jambes. Ensuite, nous reprenons quelques traces de la veille en sens inverse. Dernière incursion en Suisse avant de rester pour de bon en Italie.

33Une première longue descente ultra rapide nous amène au premier ravito qu’il ne faut absolument pas négliger car la suite s’annonce dantesque. Un interminable col sur route de 12 km en plein soleil ! Nous allons y passer pas mal d’équipes et Julien va même s’essayer au Vertical Ride sur la fin.

31En haut, nous arrivons dans le parc naturel du Stelvio. Nous quittons la route après le second ravito et prenons un single à flanc de montagne pour franchir un col à près de 2800m d’altitude.

34Les derniers lacets se passent à côté du vélo et nous savourons pleinement la vue !

37La dégringolade qui suit est un vrai chantier : des grosses pierres flottantes et des lacets ! Du technique, du vrai ! Les bras se tétanisent mais heureusement la suite se passe sur piste plus roulante.

39Malgré quelques petites remontées bien usantes, nous arrivons enfin à Bormio où nous nous reposons à l’ombre après cette journée très éprouvante.

5éme étape : Bormio – Mezzana 86 km 3100m D+

42Annoncée comme la plus dure, cette 5ème étape démarre directement par 30 km de montée ! D’abord sur asphalte, l’ascension devient plus irrégulière en suivant des pistes gravillonneuses. La fin se déroule à nouveau sur une route asphaltée qui nous amène jusqu’au Passo Gavia.

43La descente juste derrière est décrite comme la plus technique des sept jours et effectivement elle tient toutes ses promesses ! Bien cassante, secouante, trialisante avec beaucoup de caillasse et d’épingle, c’est un beau défi qui compte d’ailleurs pour l’Enduro Challenge.

44En bas, on a à peine le temps de profiter d’un magnifique village en vieille pierre que se présente devant un autre challenge, une montée très caillouteuse et peu roulante.

46Au fil des lacets, on espère en voir la fin mais celle-ci se fait longtemps désirer…

47Enfin, un petit single à flanc de montagne nous fait descendre quelques centaines de mètres….avant de remonter tout aussi haut !

48Heureusement, après le 55ème kilomètre, le tracé devient majoritairement descendant mais ça n’est pas trop à notre avantage car on se fait déposer par des équipages bien plus habiles que nous dans les descentes rapides. Nous finirons en essayant de rester dans un groupe qui roule fort mais avec nos « petits » plateaux de 30 dents, pas facile de tenir la cadence à plus 40km/h…

6éme étape : Mazzana – Trento 88 km 2300m D+

56Ce matin, nous allons devoir être très attentifs car la journée commence par une neutralisation pendant 12 km descente douce sur une piste cyclable en fond de vallée. Le peloton évolue par à-coups et il faut rester très prudent !

51Enfin, la route s’élève et nous prenons la direction du seul gros col de la journée qui compte quand même plus de 1000 mètres d’ascension.

50Avant de rouler parmi les vignes et les arbres fruitiers, nous devons d’abord négocier une belle et longue descente parfois piégeuse, surtout avec le fléchage qui, comme presque tous les jours, est parfois un peu léger…

53La suite de l’étape ressemble plus à ce que nous rencontrons habituellement en Belgique avec beaucoup de relances et des belles parties boisées. Nous profitons aussi d’un passage très humide sous la montagne via un vieux tunnel désaffecté. Cela permet de nous rafraichir quelque peu !

55Sur la fin, nous devons encore négocier un petit col sur route suivi d’une descente où les organisateurs sont là pour assurer notre sécurité et mettre tout le monde à pied ! Heureusement pour nous, la fin d’étape est neutralisée bien avant l’entrée dans la ville de Trento. Parfait pour effectuer les derniers kilomètres en mode décrassage et admirer les paysages qui sont très différents des jours précédents !

7éme étape : Trento – Arco 53 km 2000m D+

57Sur le papier, cette étape est assez simple : une ascension de 25 km et une autre de 5 km, pour le reste, ça descend ! Le dernier départ groupé est encore neutralisé et c’est donc en suivant la voiture officielle que nous quittons Trento, en gardant bien les mains sur les freins car tout le monde à l’air de vouloir rouler à l’avant… Premier virage et déjà premier bouchon, tout le monde à pied pour grimper une petite ruelle très raide ! La suite alterne entre beaux passages en forêt et route asphaltée. Sur les derniers kilomètres de l’ascension, la pluie se met à tomber et nous voilà occupés à traverser les nuages.

60Une fois le Bocca Valonia franchi, il faut rester concentré car la descente se fait sur herbe dans les alpages. Ca glisse beaucoup et les gamelles sont nombreuses !

58Assez vite, un single bien fun dans les sous bois succède aux chemins d’alpage. Un pilotage précis est obligatoire et on doit souvent passer derrière la selle pour rester sur le vélo !

59Les derniers kilomètres de ce Transalp se déroulent entre les vignes et nous nous faisons bien rincer en roulant à travers d’énormes flaques…

61La dernière ligne droite se présente devant nous après avoir eu droit à la visite des petites ruelles du centre d’Arco.

62On sent beaucoup d’émotions et tous les équipages se congratulent ! Il y a de quoi, on vient quand même de se farcir pas loin de 520 km et 18000m de dénivelé à travers les Alpes !

Le Transalp 2017 aura lieu du 16 au 22 juillet 2017. Plus d’infos : bike-transalp.de/news

ParJulien Delaet