Cape Epic : un rêve, ça se prépare

Par Olivier Béart -

Cape Epic : un rêve, ça se prépare

Le Cape Epic est sans conteste la course par étapes la plus prestigieuse du petit monde du VTT. Si elle accueille de nombreuses stars, elle reste également ouverte au grand public. Cette année, j’aurai la chance de faire partie de l’aventure ! Un vieux rêve va devenir réalité… mais au-delà de la joie, la réalité des chiffres a vite fait de donner des frissons. Plus le choix, il va falloir s’entraîner ! Pas toujours facile quand on a une famille et un job très prenant. Pas simple non plus quand il faut enquiller les bornes en plein hiver. Mais rien n’est impossible et j’avais envie de partager avec vous ces premiers mois de préparation.

Cela fait des années que j’en rêve. L’Afrique du Sud, le Cape Epic, ses stars, ses paysages à couper le souffle : comment résister ? D’autant que depuis la lancement de Vojo, je suis aux premières loges chaque année pour admirer les incroyables images transmises par l’armée de photographes embauchés par l’organisation, et pour lire les récits de Laurent, Benoît , Thomas, Jeff, Coco, Fanny et tous nos correspondants qui vous font vivre l’aventure de l’intérieur. Cette année, ça y est : je vais passer de l’autre côté du miroir et devenir acteur de cette aventure unique !


Photo by Gary Perkin/Cape Epic/SPORTZPICS

Bon, c’est vrai et je ne vais pas vous le cacher, j’ai bénéficié de quelques facilités et je n’ai pas eu le fameux stress de l’inscription que nos amis du Bikers Team 21 nous avaient raconté lors de leur participation. Le team Scott/Sram de Nino Schurter et Jenny Rissveds organise sa présentation en Afrique du Sud juste avant le Cape Epic et Vojo y est convié. A partir de là, les choses se sont enchaînées très vite car cela aurait été trop bête de ne pas profiter de cette occasion pour enfin y participer et bénéficier d’un précieux ticket « média ». Mais malgré ces privilèges dont je mesure bien la valeur, il va bien falloir pédaler. Et se préparer. Bien se préparer. Car arriver au bout de plus de 700 bornes en 7 jours et plus de 10000 mètres de dénivelé positif, ça ne s’improvise pas.

Vous connaissez ma plume et mes photos sur Vojo, mais ici ce n’est pas tant le journaliste qui écrit que le biker passionné de 34 ans… qui est aussi l’heureux papa d’un grand garçon de 4 ans et d’une petite fille d’un an et demi. Tous les parents qui lisent ces mots savent la place et le temps que peuvent prendre ces charmantes petites têtes blondes. Et puis, comme vous, j’ai un job. Un job de rêve, certes, je vous l’accorde et aujourd’hui je n’en changerais pour rien au monde. Mais c’est aussi et surtout un job très prenant pour lequel je me donne corps et âme jusqu’à 14-15h par jour à certaines périodes, sans compter les nombreux déplacements à l’étranger.

Bref, réussir à caser des entraînements dans un planning aussi chargé prend vite des allures de mission impossible. Quoique. Mon grand-père m’a toujours dit que « quand on veut, on peut ». Et même si ce n’est pas toujours facile, c’est vrai qu’en y regardant bien, ce fameux Cape Epic est peut-être une belle opportunité de revoir en profondeur mon organisation. D’optimiser mes journées en essayant que la petite famille n’en souffre pas trop car il est hors de question de devenir un sportif qui ne jure que par ses heures d’entraînement au détriment de tout le reste. Néanmoins, pouvoir compter sur le soutien et la compréhension de ses proches est absolument indispensable. Et j’en profite pour dire ici publiquement merci aux miens !

Pas question non plus de renoncer à tous les petits plaisirs. J’aime trop manger. J’aime trop le bon vin et la bière bien servie pour m’en priver. D’ailleurs, ça tombe bien car mon équipier Jeffry partage cette philosophie également. Plus que la force pure, il importe avant tout de trouver un partenaire du même niveau et qu’on connaît bien. Et ça tombe bien puisqu’en plus d’être nés le même jour à quelques années d’intervalle, Jeffry et moi avons déjà souvent roulé ensemble par le passé et même terminé plusieurs fois à quelques secondes d’intervalle tant sur des marathons que des enduros sans même chercher à rouler ensemble. Bref, de ce côté, ça devrait coller.

Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos heures de selle. Tout d’abord, dès le mois de novembre, je me suis souvenu des conseils du grand sage Jeff Bossler, 7 fois finisher du Cape Epic tout de même. Sa recette est simple : le secret d’une bonne préparation de base, c’est de faire du sport tous les jours. J’ai donc recommencé à m’organiser pour placer dans chaque journée 1h de course à pied, du gainage et bien sûr pas mal de sorties de 1h30 à 2h de vtt, voire un peu plus le week-end. Au final, ce n’était pas si difficile que cela de remplacer les temps morts et quelques moments de « glandouille » où on est de toute façon peu productif par ces quelques heures de sport placées essentiellement autour du temps de midi en semaine. Et p… qu’est-ce que c’est gai ! Et qu’est-ce qu’on est productif aussi quand on s’est vidé l’esprit dans les bois !

J’ai aussi pris une bonne résolution : essayer de ne plus prendre la voiture quand je suis seul et faire tous mes déplacements à vélo. Non seulement c’est plus écologique, mais c’est aussi très bon pour la forme. Bien sûr, quand on est obligé d’être en costume-cravate toute la journée c’est difficile. Mais même si je n’ai pas cette contrainte, j’ai choisi de m’affranchir de certaines pressions sociales et je n’ai pas hésité à me rendre chez mon banquier ou à des réunions importantes (avec parfois 50 à 80km aller-retour) à vélo avec tous les vêtements sportifs qui vont avec. Vous savez quoi ? Cela n’a déclenché que de la sympathie, de l’intérêt, de l’amusement et même pas mal d’admiration.

Après environ 6 semaine à ce régime, il était temps de recontacter Charles, mon cher coach de chez TrainingPlus, et de lui rendre une petite visite pour passer un test à l’effort et voir dans quel état se trouve le moteur. Bonne nouvelle : la première partie de la préparation, bien qu’empirique et très orientée plaisir, a porté ses fruits ! Toutes les valeurs sont nettement meilleures que l’an dernier à la même époque. Le verdict du coach est rassurant : la route est encore longue, mais il y a là de quoi envisager sereinement la suite de la préparation pour le Cape Epic.

C’est à ce moment-là que pouvoir compter sur l’aide d’un entraîneur qualifié et de qualité est important. Il est aussi vital d’avoir un entraîneur qui comprend qu’il n’a pas en face de lui un champion ni un pro, et qui ne va pas me placer des séances de folie que ni mon corps, ni ma famille, ni ma vie professionnelle ne vont supporter. L’idée est ici d’optimiser, de ciseler chaque séance pour qu’elle soit la plus profitable possible dans un temps imparti nécessairement restreint. Et cela, sans l’aide d’un pro, c’est franchement dur.

Avoir ce programme, c’est aussi une motivation pour aller rouler dans le froid, sortir même quand il pleuvine et que le ciel est gris. C’est important de ne pas le prendre comme une contrainte, mais quand on est vraiment passionné de vélo, dès les premiers coups de pédale, on oublie le visage et les doigts qui piquent. On oublie aussi les soucis du quotidien et on ne regrette pas d’avoir bougé son c.. de sa chaise et d’être sorti de sa petite pièce chauffée bien douillette.

C’est ainsi que depuis fin décembre, je suis des programmes hebdomadaires qui doivent me permettre d’arriver le plus en forme possible jusqu’à l’objectif fin mars. En tout, il y a entre 8 et 13h par semaine. Cela peut sembler beaucoup, mais quand on retire la sortie dominicale de 3/4h, on se rend compte que cela reste gérable même si cela demande parfois un peu de gymnastique dans le planning. Autre point crucial : le dialogue avec son entraîneur. Quand j’ai un rendez-vous qui est déplacé, un des enfants qui est tombé malade et dont il faut s’occuper ou que sais-je, il me suffit d’un petit message à Charles sur Facebook pour qu’il adapte le planning et que la semaine reste profitable et cohérente. Seul, on aurait vite tendance à culpabiliser, à s’énerver ou à se décourager à cause d’un entraînement manqué ou mal réalisé, mais pas ici.

Aujourd’hui, à l’heure de m’envoler vers le Samarathon, une course de préparation en Israël à laquelle nous avons l’occasion de participer Jeffry et moi, je ne sais pas encore comment se passera ce fameux Cape Epic. Mais par contre, même si je me suis déjà entraîné quelques saisons par le passé, j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi en forme à ce moment de l’année. J’ai perdu les 4/5 kilos qui ne me quittaient plus depuis un bon moment (vous avez déjà entendu parler de la couvade du jeune père ? ) et cet objectif m’a aussi permis d’un peu mieux m’organiser jusque dans ma vie professionnelle. Même s’il y a encore beaucoup de boulot à tous les niveaux, rien que pour cela ce Cape Epic est une belle réussite. Et s’il y a bien une chose que j’en retire et que j’avais envie de partager avec vous, c’est les bénéfices qu’on peut retirer à se fixer un objectif sportif et à l’utiliser comme prétexte pour se bouger. A bientôt pour la suite !

ParOlivier Béart