A l’aventure dans le Mustang népalais

Par Olivier Béart -

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A l’aventure dans le Mustang népalais

Axel Molinero est guide de VTT dans les Alpes, principalement en Italie, mais aussi au Luxembourg, en Espagne, en Suisse et en Allemagne. Quand il a un peu de temps libre, le fondateur d’Atracktive mountainbiking n’en profite pas pour se reposer. Avec son équipe, il part aux quatre coins du Monde découvrir de nouveaux sentiers. Cette année, en novembre, c’est au Népal qu’il a posé ses crampons pour un trip grandiose dans l’Himalaya. En exclusivité pour VojoMag, il vous fait partager son carnet de voyage.

Le voyage d’Europe vers le Népal est déjà long, mais une fois dans le pays, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Notre aventure sur place commence avec la « Yeti Airlines », au nom aussi amusant et folklorique que sa ponctualité. Les conditions météo le jour de notre premier vol domestique de Katmandou à Pokhara sont impeccables. Le lendemain par contre il faudra avoir un peu de patience pour aller à Jomoson. Si après deux heures d’attente le « retard est annulé », c’est finalement le vol qui sera annulé définitivement pour le reste de la journée à cause du brouillard. Conséquence : 9 heures de route en jeep !

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Cela fait déjà sept heures que l’équipe d’Atracktive mountainbiking, composée de Roberta, Florian et moi, Axel, sommes assis -disons entassés- avec deux randonneurs néerlandais et leur guide dans une petite jeep qui cahote dans les ornières d’un chemin très chahuté. Dehors il fait nuit noire. Cependant notre chauffeur népalais conduit le véhicule avec un calme stoïque entre les rochers et des nids-de-poule de 30 cm de profondeur. Mais il a l’air d’être habitué à ce type de route!

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Nous roulons à 2.500 m d’altitude dans la vallée de la Kali Gandaki, une rivière qui, au cours de millions d’années, a creusé la vallée plus profonde du monde dans l’Himalaya, entre deux sommets de huit mille : l’Annapurna et le Dhaulagiri. Après quatre jours de voyage nous nous impatientons de voir ces célèbres et imposantes montagnes pour la première fois, mais en réalité il faudra encore attendre un peu. Notre destination d’aujourd’hui s’appelle Jomoson, chef-lieu du district du Mustang, au nord du Népal, et point de départ et d’arrivée idéal pour les randonneurs qui veulent entamer le célèbre circuit de l’Annapurna. Pour nous c’est là où va commencer notre aventure en vtt pendant laquelle nous explorerons non seulement les sentiers autour de la vallée de la Kali Gandaki, mais aussi la culture locale.

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Finalement, après cinq longs jours de voyage nous voici presque prêts à démarrer. On monte les roues et c’est parti pour l’aventure !

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La Kali Gandaki serpente paisiblement dans une grande plaine alluviale vers l’océan indien tandis que nous montons en direction opposée vers le Tibet sur le sentier de Kagbeni qui marque la frontière de l’ancien royaume du Haut Mustang, où les étrangers ne pouvaient pas accéder et cela jusqu’en 1992. Depuis il faut acheter un permis très coûteux pour avoir le droit d’y entrer.

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Les moulins à prières ornent les temples des petits villages népalais et on en rencontre même au bord des sentiers.

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Les drapeaux de prière tibétains sont aussi très présents au Népal. Par leurs couleurs, ils égayent encore un peu plus les paysages déjà somptueux au pied des plus hauts sommets de la terre.

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Notre route suit le circuit de l’Annapurna vers l’est, en direction du Thorung La, à 5.420 m, un des cols de randonnée les plus élevés au monde. Depuis 2008 il existe une piste de terre jusqu’à Muktinath, notre prochaine destination. Parfois, l’altitude et la pente nous obligent à poursuivre notre périple à pied, vélo sur le dos.

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Muktinath, lieu de pèlerinage à 3.700 m d’altitude, sera notre résidence pour les jours à suivre. Notre gîte est l’une des nombreuses surprises que nous allons vivre au cours de notre voyage au Népal : non seulement il y a l’électricité, mais même de l’eau chaude et du wifi ! Les nombreux randonneurs et la route qui longe la vallée de la Kali Gandaki ont contribué à la modernisation de l’Himalaya. Aujourd’hui les denrées de première nécessité ne doivent plus être apportées à pied mais peuvent être facilement transportées en jeep.

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Nous n´allons pas seulement découvrir de beaux sentiers mais aussi tourner un film de vtt pour Vaude avec des paysages à couper le souffle.

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Et nous voilà aujourd’hui sur un des points culminants de notre séjour : nous atteignons en vtt, et pour la première fois dans nos vies, un col situé à plus 4.000 m d’altitude. La bonne nouvelle : on peut faire la montée en manches courtes à mi-novembre…mais on payera cher chaque tour de manivelle : les effets de l’air raréfié de haute montagne se font sentir, même quand on marche ! À l’arrière-plan, le géant Dhaulagiri (photo de gauche), domine la vallée de la Kali Gandaki avec ses 8167 mètres et ses énormes séracs de glace. On s’arrêtera très volontiers pour l’admirer après avoir haleté pendant quelques secondes !

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D’un col sans nom on découvre une belle vue sur le Upper Mustang avant d’emprunter la descente sur Muktinath. Le sentier hyper-sec est très ludique. Rouler à toute vitesse en soulevant pas mal de poussière dans les virages…c’est génial ! Voilà une autre dimension du « flow ».

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À Muktinath nous attend la récompense aux efforts du jour : un délicieux « crumble apple pie ». Celui qui pense que les pommes arrivent de loin se trompe. Même les pommiers poussent en haute montagne, à 2.700 m d’altitude. C’est donc de la cuisine 100% locale qu’on déguste !

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Le lendemain nous découvrons une autre vallée transversale en direction du Thorung La. La limite de la neige se situe à 4.200 m. La couche de neige nous rappelle que trois semaines auparavant il y a eu un blizzard qui a coûté la vie à presque 50 randonneurs. Il ne faut jamais sous-estimer la nature à cette altitude. Vu que le temps est formidable, nous nous permettons une petite randonnée à pied en laissant nos vélos sur la terrasse d’un des nombreux « tea houses ».

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Notre retour à Muktinath sera amusant avec des petites sections techniques ainsi que des passages dignes d’un film sur les célèbres et très « modernes » ponts suspendus.

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Notre voyage touche peu à peu à sa fin. Nos derniers jours de vtt seront caractérisés par une descente presque interminable jusqu’à la forêt subtropicale du versant sud de l’Himalaya.

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Ce sera un tour fascinant grâce, une fois de plus, au côté absolument grandiose des paysages dans lesquels on prend conscience que nous ne sommes finalement que bien peu de choses. Le contraste est aussi saisissant, puisqu’on passe en peu de temps des sentiers arides et poussiéreux du Mustang à un lit de rivière asséché pour rejoindre à nouveau la vallée de la Kali Gandaki.

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On roule toujours sur une piste non pavée, ce qui est particulièrement exigeant. La moindre petite montée est toujours un défi à notre condition physique, et heureusement que nous avons des vélos tout suspendus pour rouler sur de tels terrains !

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Même les traversées de villages sont des défis techniques, avec leurs ruelles escarpées. Ici, Lupra, un des plus vieux villages du Népal.

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A l’arrivée, la vallée devient verdoyante et fertile au fur et à mesure qu’on perd de l’altitude.

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Voilà, notre périple touche à sa fin. Après 10 jours en haute montagne nous trouvons bizarre de nous retrouver dans la Capitale, grande ville sale, pleine de poussière, de smog et de gens. L´impression est de se trouver en plein chaos. Par contre, comme partout au Népal, il y règne une sorte de calme qu’on ne ressent pas ailleurs.

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Pendant le vol de retour nous aurons le temps de récapituler nos impressions. Très franchement, les Alpes n’ont rien à envier à l’Himalaya au point de vue du VTT pur. Que du contraire. Et on ne se rend même toujours pas vraiment compte de la dimension géante des montagnes, tellement celles-ci nous dépassent. Mais même si nous n’avons vu qu’une infime partie du Népal, rouler dans cette partie du monde a été une expérience unique et inoubliable. Une seule chose est sûre : nous reviendrons pour rouler sur de nouveaux sentiers et emmagasiner plus d’impressions de ce pays fascinant !

Texte : Axel Molinero – Photos: Florian Mair et Axel Molinero – www.atracktive.com

Pour la petite histoire, c’est également Axel qui avait guidé notre reporter bourlingueur Stéphane Van Wonterghem dans le Val Maira en Italie. Un article à (re)découvrir en cliquant ici.

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